• Le paradis des hipsters, résolument démocrate, est niché sur la côte pacifique. L'Etat incarne la "cool attitude" avec une tolérance à l'usage du cannabis et le droit au suicide assisté, des politiques qui feraient dresser les cheveux sur la tête à plus d'un conservateur. 

    Voir notre carte interactiveVoir notre carte interactiveCourrier international 

    Volontairement décalée, ostensiblement à gauche, Portland a tout d'un musée des hippies.

    En ce beau dimanche d'été, dans le quartier hipster de Hawthorne, des bikers à barbe blanche et bandana passent à moto sous le soleil, de très nombreux quadras en sandales Birkenstock se croisent dans les boutiques d'accessoires pour fumeurs en tout genre, alors que d'autres se pressent pour musarder entre les portants chargés de vêtements vintage, entre vieux tee-shirts à l'effigie des Simpson, vestes de velours et chapeaux à fleurs des années 1950. Et puis il y a aussi ce jeune homme, qui se promène coiffé de ramures de rennes faites de longues branches.

    "Notre devise, c'est ‘Keep Portland Weird' [Entretenons la bizarrerie de Portland]", s'amuse Erin, une agent de police.

    Eh bien, mission accomplie.

    L'Oregon en général et Portland en particulier vont bien plus loin que les autres Etats américains en matière de libertés individuelles. Lors du scrutin du 6 novembre, les électeurs auront à s'exprimer sur un projet de légalisation de l'herbe, qui selon ses partisans a de bonnes chances d'être approuvé.

    Le fait est que ça ne changera pas grand-chose : ici, on ne se fait pas arrêter pour possession de petites quantités de cannabis, et son utilisation médicale est légale.

    "Il est aussi assez facile d'obtenir un permis de culture du cannabis, ajoute Erin. Il suffit qu'un certain nombre de malades vous recensent comme leur fournisseur."

    "De vrais anticonformistes"

    L'Oregon a aussi adopté une loi baptisée "Mourir dans la dignité", qui permet aux malades en fin de vie d'opter pour le suicide assisté. Et l'Etat se montre plutôt indulgent en matière de nudité en public. Dernièrement, un habitant de Portland a baissé son pantalon à l'aéroport de la ville pour protester contre les fouilles excessives menées par les services de sécurité : accusé d'attentat à la pudeur, il a été acquitté. John Brennan a convaincu le juge que son acte était une forme de manifestation et se trouvait donc protégé par le premier amendement.

    Portland accueille aussi chaque année la Naked Bike Ride (balade à vélo nu), lors de laquelle 8 000 à 10 000 cyclistes traversent la ville dans le plus simple appareil.

    "Nous sommes de vrais anticonformistes", confirme un salarié des services publics d'information d'une commune voisine.

    Cette indépendance d'esprit et de mœurs fait de Portland une ville naturellement démocrate. "La région est plutôt à gauche, c'est vrai, mais je connais beaucoup de policiers qui soutiennent les républicains", tempère Erin.

    L'Oregon constitue de fait un mélange des genres très intéressant. Les analystes politiques le classent dans les Etats "à tendance Obama", et le candidat démocrate à la présidentielle a systématiquement les faveurs des Oregonians depuis 1988.

    Portland, la ville la plus peuplée de l'Etat, est aussi la deuxième plus grande métropole du nord-ouest du pays après Seattle. Si elle accueille de grandes entreprises et des activités high-tech (Intel et Nike ont leur siège ici), elle se targue aussi d'être plus cool que sa grande voisine (Washington). 

    suite site source :http://www.courrierinternational.com/article/2012/11/05/les-babas-cool-sont-rois 


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  •  note de moi :comme si le coté "psychoactif" était inutile ... israel invente un "demi- cannabis" ... je dirais plutot.

    Une horticultrice israélienne cultive du cannabis médicinal, le 1er novembre 2012 dans la serre de Tikkun Olam près de Safed

    Une horticultrice israélienne cultive du cannabis médicinal, le 1er novembre 2012 dans la serre de Tikkun Olam près de Safed (Photo Menahem Kahana. AFP) 
     

    Des horticulteurs du pays affirment avoir mis au point une variété de cannabis qui soulage les symptômes de certaines maladies chroniques, sans produire d'effets psychotropes.

     

    Au bout d'une rue non pavée, dans la banlieue tranquille d'un village du nord d'Israël, des horticulteurs font pousser une sorte de cannabis qui, selon eux, soulage les symptômes de certaines maladies chroniques mais sans produire d'effets psychotropes.

     

    Derrière la clôture portant l'inscription "Tikkun Olam" (réparer le monde, en Hébreu), l'équipe affirme avoir créé le premier cannabis israélien ne contenant pratiquement aucune trace de THC (tetrahydrocannabinol), la substance qui fait planer mais peut avoir de sérieux inconvénients pour les consommateurs.

    Ce nouveau cannabis pourrait permettre de lever les obstacles psychologiques pour ceux qui pourraient bénéficier de ses bienfaits mais qui répugnent à utiliser de la marijuana, même avec le feu vert du ministère de la Santé.

    "Nous avons réussi à isoler les molécules de TFC et CBD", assure Mor Cohen, le responsable de la plantation située à la limite de Safed, en Galilée. Il fait référence au cannabidiol, un autre composant du cannabis qui peut aider à soulager les symptômes liés aux diabètes et à des troubles psychiatriques. 

    suite site source :http://www.liberation.fr/monde/2012/11/03/israel-dit-oui-au-cannabis-medicament-mais-pas-a-celui-qui-fait-planer_857910 

     

    Une horticultrice israélienne cultive du cannabis médicinal, le 1er novembre 2012 dans la serre de Tikkun Olam près de Safed

    Une horticultrice israélienne cultive du cannabis médicinal, le 1er novembre 2012 dans la serre de Tikkun Olam près de Safed (Photo Menahem Kahana. AFP) 

    la serre

    la se ll

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  • Raúl Zibechi

    vendredi 2 novembre 2012, mis en ligne par Dial

    Alors que les débats sur la légalisation de la marijuana étaient de nouveau d’actualité en France il y a quelques mois, en Uruguay, un projet de loi allant dans ce sens a été déposé au parlement début août. Ce texte de Raúl Zibechi a été publié le 19 septembre 2012 par le Programme des Amériques.


    Le gouvernement du président José Mujica en proposant la légalisation de la marijuana a rempli son principal objectif : promouvoir un large débat national sur les drogues et les politiques prohibitionnistes et répressives mises en place jusqu’à maintenant.

    La participation de l’État « ruinerait le marché » pour les trafiquants de marijuana « parce que nous la vendrons moins cher, à un prix qu’on ne peut trouver au marché noir », a dit Mujica à CNN [1]. Le président a dit au journaliste Andrés Oppenheimer qu’« une entreprise privée » serait chargée de vendre la marijuana sous strict contrôle de l’État.

    « Mais si cette loi est approuvée, ne transformera-t-elle pas l’Uruguay en une Mecque touristique pour fumeurs de marijuana ? », a demandé Oppenheimer. Mujica a répondu que son plan était « un dispositif destiné aux Uruguayens » qui seront enregistrés et auront droit à une ration mensuelle de marijuana alors que les étrangers ne pourront pas en acheter.

    « Nous ne pouvons pas continuer à faire semblant, à fermer les yeux et à regarder ailleurs », pendant qu’augmente la consommation et la violence liée au narcotrafic, a conclu Mujica.

    Le 8 août, le gouvernement uruguayen a présenté au parlement un projet de loi qui comporte un seul article : « L’État assumera le contrôle et la régulation des activités d’importation, la production, l’acquisition à quelque titre que ce soit, le stockage, la commercialisation et la distribution de marijuana ou de ses dérivés, dans les termes et les conditions que la réglementation fixera à ce sujet. »

    Dans l’exposition des motifs de ce projet de loi, les politiques prohibitionnistes sont critiquées parce qu’elles ont aggravé les problèmes alors que la légalisation a pour objectif que « les usagers ne soient pas stigmatisés ni traités en appliquant la loi pénale, mais que l’on puisse travailler avec eux et avec toute la société ».

    Sur la base de diverses études de terrain, le gouvernement soutient que la consommation de marijuana jouit d’une forte légitimité sociale. De plus il affirme que « cette substance, dont la capacité à générer une dépendance physique et psychologique est légère ou modérée, se différencie clairement des risques liés à un autre ensemble de drogues dont le potentiel toxicologique et addictif est beaucoup plus important ». Parmi celles-ci on trouve surtout la pâte base de cocaïne, l’alcool, le tabac et les produits psycho-pharmaceutiques.

    Le projet constate que les consommateurs de marijuana – bien que ce ne soit pas dangereux pour eux – « s’exposent fréquemment aux risques psychologiques, sociaux et légaux, conséquence de la nécessité où ils sont d’accéder illégalement à cette drogue ». C’est le principal point que l’on veut aborder.

    La proposition de la légalisation a eu la vertu d’ouvrir sur les drogues un large débat social où les nuances sont la règle dominante ; car l’objectif final est de réguler et de contrôler pour éviter que la marijuana ne demeure une étape sur le chemin de la pâte base dont la consommation est toujours considérée par le gouvernement comme la plus dangereuse.

    Guerre contre les drogues et répression

    Julio Calzada, secrétaire général de la Junte nationale des drogues, organisme rattaché à la Présidence, appartient à une génération différente de celle du président. Sociologue, ex-membre des jeunesses du MLN-Tupamaros [2], il s’est fait connaître dans des mouvements sociaux porteurs de manières novatrices d’affronter les problèmes sociaux.

    Son analyse, qui inspire la nouvelle politique du gouvernement vis-à-vis des drogues, propose de remonter deux siècles auparavant aux deux guerres de l’opium contre la Chine [3] qui selon lui furent des guerres de piraterie, en passant par 1912, date de la Conférence de La Haye où fut signée la convention internationale de l’opium qui instaura de nombreuses prohibitions.

    « Si on analyse ce qui s’est produit durant les quarante dernières années, on voit qu’on commence à mentionner la guerre contre les drogues après la guerre du Vietnam ; et des gens soutiennent que la chute du mur de Berlin a provoqué cette guerre, une manière de se trouver un nouvel ennemi après la disparition du communisme comme adversaire crédible », soutient Calzada dans un entretien avec le Programme des Amériques [4].

    « En 1998, les Nations unies ont établi une diminution substantielle de la production, de la commercialisation et de l’usage de trois substances et mis en place une série de politiques très restrictives. Dix ans après, en 2008, une évaluation a été faite et a montré que la production et la consommation d’opium avait augmenté de 120% et que celle de cannabis et de cocaïne avaient aussi enregistré des augmentations importantes. »

    Par conséquent, signale-t-il, « puisque qu’on observe que les résultats sont opposés à ce que l’on prétendait, nous devons changer. Pour nous la clé n’est pas la prohibition, mais la régulation ».

    Selon l’opinion du principal assesseur du gouvernement en matière de drogues, la prohibition génère deux types de dérégulation extrêmement préjudiciables : elle laisse intactes les marchés occultes des drogues et renforce les circuits financiers consacrés au blanchiment de l’argent illégal.

    Un pari fort

    Même si l’Uruguay ne sera pas le premier pays du monde à légaliser la consommation de marijuana, l’État uruguayen sera le premier à en produire légalement. C’est sans nul doute un pari fort qui fait bouger les lignes et force le système politique à rentrer dans un débat qui a depuis longtemps vu le jour et grandi au sein de la société.

    Durant les dernières décades, il y a eu des changements légaux importants dans beaucoup de pays. La Hollande est de quelque manière le point de référence obligé, car depuis 1978 elle a choisi de séparer le marché de la marijuana de celui de l’héroïne. « Le résultat a été si bon qu’il y a eu en Hollande une incidence beaucoup plus faible de la crise du sida », explique Calzada.

    La proposition consiste à séparer les marchés de la marijuana de ceux d’autres drogues, car on constate que le consommateur de marijuana a recours à un vendeur illégal et, bien souvent, il finit par acheter de l’héroïne s’il n’y a pas de marijuana. La principale référence est le Portugal où la consommation a été dépénalisée sans qu’on enregistre d’effets négatifs.

    En Uruguay, la consommation n’a jamais été pénalisée de sorte que nous ne pourrons pas faire cette comparaison, ce qui sera possible par contre pour les Argentins quand ils dépénaliseront la consommation de marijuana », continue Calzada. Pour l’Australie, c’est différent, car ce pays maintient depuis les années 80 des formes de régulation à travers l’auto-culture, ce qu’écarte le gouvernement de Mujica.

    La diplomatie uruguayenne présente sa position sur les drogues dans divers forums mondiaux. L’ambassadeur uruguayen à l’Organisation des États américains (OEA), Milton Romani, qui a été à la tête de la Junte nationale des drogues pendant le gouvernement de Tabaré Vazquez (2005-2010) fait remarquer que celle-ci s’appuie sur trois axes : « Une intégration adéquate des droits humains à la politique de contrôle des drogues ; une participation de la société civile à la conception des politiques internationales, tant aux Nations unies qu’à l’OEA, et l’ouverture d’un large débat démocratique pour réviser la politique de contrôle au niveau international et régional au-delà de la régulation des marchés par la loi pénale » [5].

    Risques politiques

    Au sommet de Carthagène, a été enregistrée une convergence inédite de critiques de la part de pays qui ont des gouvernements très différents comme la Colombie et le Guatemala d’un côté et la Bolivie et l’Uruguay de l’autre, à propos de la guerre contre les drogues lancée par les États-Unis. « Le sommet de Carthagène a donné un mandat à l’OEA pour faire une étude approfondie en vue de la révision des politiques actuelles concernant les drogues en collaboration avec la Banque interaméricaine de développement (BID) et l’Organisation panaméricaine de la santé », explique Romani.

    Selon lui « une politique sur les drogues qui fonde la régulation sur la loi pénale a démontré son insuffisance et a provoqué des dégâts » ; il a rappelé que le président Juan Manuel Santos [6] avait dit à cette occasion que « le problème des drogues est comme un matelas pneumatique rempli d’eau, tu mets le pied d’un côté et il se soulève de l’autre ».

    La proposition présentée par le gouvernement de convertir l’État en producteur et distributeur de marijuana, non seulement a été critiquée par l’opposition, mais elle a encore un long parcours à faire pour aboutir à une réglementation conforme à l’objectif exprimé par Calzada : « garantir que ne se produisent pas de dérives avec le marché noir national ou régional ». La réalité géopolitique ne permet pas à un pays tout seul de prendre une mesure de ce type sans risquer d’affecter toute la région qui, espère-t-on, s’acheminera dans le même sens les prochaines années.

    « Le terme “légalisation” donne lieu à des interprétations diverses comme la possibilité d’acheter de la marijuana dans un magasin, ce qui n’est pas certain » argumente Calzada. La régulation couvrira la totalité du circuit depuis le financement, la production et la distribution jusqu’à la vente, même si celle-ci ne restera pas entre les mains de l’État.

    Selon la dernière Enquête nationale sur la consommation des drogues diffusée en mai dernier, il y a quelques 75 000 consommateurs réguliers de marijuana, c’est-à-dire des personnes qui consomment entre 30 et 60 cigarettes par mois (environ 30 grammes). Si on prend en compte les usagers « occasionnels », le chiffre grimpe jusqu’à 130 000. [7]

    Un des aspects les plus polémiques est que les usagers seront enregistrés, ce qui signifie que les acheteurs devront montrer une pièce d’identité pour avoir accès au produit. Ainsi, quand les acheteurs iront en acheter, ils ne courront pas le risque de se voir offrir une autre drogue, comme cela se produit actuellement. La séparation des deux marchés est le fruit d’une longue expérience avalisée par les équipes de terrain.

    « Tous les consommateurs de pâte base ont été auparavant des consommateurs de marijuana », assure Calzada. Le chemin qui conduit à la pâte commence par l’alcool dès 12 ou 13 ans, continue avec la cigarette autour de 15 ans et se prolonge par la marijuana consommée massivement à 17 ans.

    À peine un petit nombre de personnes continue le parcours jusqu’à la pâte base ou la cocaïne. « Quand une grande quantité de marijuana est interceptée, le prix monte et c’est alors qu’on passe à la pâte base », dit Calzada pour expliquer comment fonctionnerait le « coupe-feu » de la légalisation.

    Accueil des usagers

    La nouvelle politique officielle sur les drogues, lancée mi-juin, met en place cinq mécanismes d’accueil des usagers de drogues qui sont la principale préoccupation du gouvernement. Les Équipes hospitalières de réponse immédiate dans les crises addictives permettront l’hospitalisation du toxicomane pour trois à sept jours jusqu’à la disparition des symptômes. Quatre équipes seront installées, dont deux dans la capitale.

    Parallèlement seront créés divers « dispositifs de proximité » comme des centres d’écoute et d’orientation et des centres de consultations mobiles sur la base de l’expérience accumulée depuis 2007 par plusieurs ONG réalisant du travail de rue et communautaire. À Montevideo, ces centres fonctionnent dans les quartiers qui ont un taux élevé de déstructuration sociale et ils accompagnent le processus d’hospitalisation.

    À travers ces mécanismes, on pense atteindre 30% des usagers de pâte base, qui seront pris en charge dans des centres d’accueil de jour, dans des prisons où ils sont privés de liberté et dans divers centres d’hospitalisation.

    Calzada soutient que la consommation de pâte base est en train de se stabiliser et accuse une légère tendance décroissante, alors que grandit fortement la consommation d’alcool et à un moindre degré les consommations occasionnelles de marijuana et de cocaïne. La consommation la plus préoccupante est celle d’alcool à laquelle cependant la société n’accorde que peu d’importance alors que c’est la porte d’entrée à d’autres consommations dangereuses.

    « Nous sommes devant des changements culturels très importants liés à l’utilisation du temps libre, aux heures d’ouverture des bars et au contrôle familial, ce qui fait que les jeunes de 15 à 17 ans sont les plus exposés et les plus vulnérables quand ils consomment des substances psychoactives. Nous ne pouvons pas rester indifférents quand les chiffres indiquent qu’un jeune sur trois a connu des épisodes d’intoxication éthylique aiguë dans les quinze derniers jours » conclut Calzada.

    La société uruguayenne a bien accepté la proposition de légalisation de la marijuana qui serait cultivée dans un terrain de 150 hectares sous contrôle de l’armée. Cependant il ne lui sera pas facile de laisser de côté l’option de la répression contre les jeunes.


    Ressources

    Brecha (hebdomadaire), « La Lupa », 10 août 2012.
    El Observador (quotidien), « L’entreprise privée vendra de la marijuana », 19 août 2012.
    Entretien avec Julio Calzada, président de la Junte nationale des drogues, août 2012.
    Entretien avec Milton Romani, ex-président de la Junte nationale des drogues, juillet 2012.


    - Dial – Diffusion de l’information sur l’Amérique latine – D 3213.
    - Traduction de Bernard et Jacqueline Blanchy pour Dial.
    - Source (espagnol) : Programa de las Américas, 19 septembre 2012 

    site source :http://www.alterinfos.org/spip.php?article5744 


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  •  

    En présentant leur accord de gouvernement pour les cinq prochaines années, libéraux et travaillistes ont décidé d’abandonner la »carte cannabis » qui devait faire des coffee shops des clubs fermés.Cannabis : Amsterdam ne fermera pas ses coffee shops… 
     
    note de moi : ahahah ...
    site source :http://huscftc.wordpress.com/2012/11/01/cannabis-amsterdam-ne-fermera-pas-ses-coffee-shops-aux-touristes/ 

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  • Le pauvre niveau des connaissances et l'emprise idéologique politicienne, quasi religieuse, sur le sujet des drogues et des addictions est la marque d'un obscurantisme criminogène.

    Dans une «salle de shoot» à Genève en 2010. REUTERS/Denis Balibouse

    - Dans une «salle de shoot» à Genève en 2010. REUTERS/Denis Balibouse - 

    Que retenir des récents débats, éditoriaux ou commentaires, sur les salles de consommation à moindre risque et sur la dépénalisation du cannabis? Une chose: concernant la politique de santé vis-à-vis de drogues et des addictions, notre pays souffre d’un déficit de maturité sociale d’un manque informations précises. Attention. Lorsque nous parlons de «politique de santé», le mot qui pèse est «politique». Et lorsque nous évoquons une «politique de santé des addictions», la phrase se tue d’elle-même, tel un oxymoron.

    Il faut, bien sûr, compter avec la passion dogmatique. Pour autant nous sommes toujours surpris, médecins addictologues ou intervenants de terrain, de découvrir un si pauvre niveau de connaissances et une telle emprise idéologique politicienne, quasi religieuse, sur le sujet des drogues et addictions. C’est là un obscurantisme criminogène qui s’arc-boute sur le refus d’évidences pourtant de plus en plus palpables dans notre vie quotidienne. On peut les réunir en deux points

    1. L’échec de la prohibition ou guerre à la drogue

    Le système international de prohibition des drogues ne remplit pas les objectifs qui lui avaient été assignés; à savoir: promouvoir la santé publique et diminuer la consommation des drogues et ses méfaits. Pire, l’approche essentiellement répressive qui a prévalu dès le début —il y a déjà 50 ans, lors de la 1re Convention de l’ONU sur ce sujet— a bien souvent créé de nouveaux problèmes de santé publique, de respect des droits humains et de sécurité publique.

    Le crime organisé domine le trafic des drogues. Il s’enrichit toujours plus et menace, par la corruption et les violence, la vie démocratique. Sans doute, pensions-nous en France que cette violence, cette corruption s’arrêteraient aux lignes Maginot de notre royale naïveté, qu’elles ne concerneraient que la Sicile, les pays d’Amérique du Sud, d’Amérique centrale, d’Afrique de l’Ouest et de l’Est, du Moyen-Orient et du fameux triangle asiatique. Paris et Lyon, Marseille et Lille ne seraient jamais atteintes par la violence et la corruption comme le sont Mexico, Medellin, Rio ou Naples…

    Or cette naïveté n’est plus de saison: la guerre des gangs à Marseille, dans la région francilienne ou lyonnaise tue et corrompt chaque jour un peu plus. Pour autant sommes-nous prêts, comme le proposait en 2011 la Commission Mondiale pour la politique des drogues (8e recommandation) à mesurer la réussite —en l’occurrence l’échec— d’une politique des drogues; et ce en s’appuyant sur des indicateurs ayant véritablement un sens pour les communautés et non plus sur une morale répressive qui aggrave l’insécurité et la santé publique?

    Ces indicateurs objectifs existent. Ce sont la diminution du taux de transmission du VIH et des virus des hépatites B et C, celle du nombre de décès par overdose, des actes de violence liés au commerce de la drogue, du nombre d’individus incarcérés ou du taux d’usage problématique de substances psycho-actives.

    Bien sûr ces indicateurs sont sans doute moins flamboyants à exposer lors de débats que des petites phrases chocs, des petites phrases assassines mais ils nous guideraient bien plus sûrement vers une politique protectrice.

    2.

    La nécessité de construire les politiques de santé sur la dangerosité des substances et leurs méfaits

    Le deuxième pilier est celui de l’évaluation de la dangerosité comparée des substances psycho-actives. Dangerosité pour l’individu; dangerosité pour la société. Depuis quinze ans, scientifiques américains, anglais, australiens, canadiens, néerlandais, suisses et français tentent d’ordonner nos a priori culturels et historiques et de dépasser le sketch de Coluche: vieillesse «droite pinard» versus jeunesse «gauche pétard».

    En 1997, le Pr Bernard Roques, de l’Académie de Médecine, secoua notre beau pays en classant l’alcool bien devant le cannabis, à égalité avec l’héroïne et la cocaïne! Treize ans plus tard, ce sont les travaux du Pr David J. Nutt, du Collège Impérial de Londres, publiés dans The Lancet (novembre 2010), qui nous interpellent. L’objectif de son étude était d’évaluer et de comparer les différents risques liés à la consommation récréative de drogues sur l’individu et la société.

    Pour cette recherche, le Pr Nutt et son équipe ont élaboré leur propre système d’analyse de décision multicritères (MCDA) –méthode se référant à la connaissance et à l’expérience d’experts dans la classification des drogues. Vingt substances légales ou illégales ont pu être ainsi évaluées sur seize critères : neuf concernaient les risques pour l’individu (mortalité, dépendance…) et sept, les risques pour l’ensemble de la société (criminalité, coût économique…). Les experts ont ensuite noté chaque substance addictive sur 100 points, le score augmentant en fonction de la nocivité du produit.

    Les conclusions de cette étude indiquent que les drogues les plus dangereuses pour l’individu sont l’héroïne, le crack, et la métam phétamine (scores respectifs 34, 37 et 32) alors que celles les plus néfastes pour la société sont l’alcool, l’héroïne et le crack (46, 21 et 17 respectivement).

    L’analyse du score global conclut que l’alcool représente la substance la plus nocive (score global 72), avec l’héroïne (55) et le crack (54) en deuxième et troisième place. Suivent dans l’ordre de classement la métamphétamine, la cocaïne, le tabac, l’amphétamine et le cannabis (de la 4e et 8e place respectivement).

    Quand le Pr David J. Nutt présente en public ses travaux, il ne résiste pas à une pointe d’humour anglais et précise que les politiques devraient également savoir que le cannabis tue deux fois moins que le Doliprane® (ou paracétamol) et deux fois plus que l’alpinisme.

    Quand les résultats de ces travaux sont donnés aux politiques, ils leur apportent, hélas, plus de problèmes que de solutions; et ce d’autant que la polyconsommation (alcool, cannabis, tabac, cocaïne) est devenue bien plus fréquente en 2010 que la monoconsommation des années 1970. Et le sida faisant moins peur aujourd’hui qu’il y a vingt-cinq ans, nos constats, même probants, n’arrangent guère nos politiques.

    Nous leur disons non seulement que leurs «succès» conventionnels (arrestations, saisies et condamnations) n’ont aucune répercussion positive sur les communautés concernées, mais qu’en plus ils doivent s’armer de courage et d’indépendance vis-à-vis des sondages pour construire une toute autre politique de santé des addictions. Bref… il n’y a là que des coups à prendre, politiquement parlant !

    Osons nous répéter: il est urgent d’élaborer une toute autre politique mondiale pour d’une part éviter d’une part des millions de nouvelles infections par le VIH et les hépatites, et de l’autre ne pas laisser «Mafia sans frontières» s’emparer sans cesse de nouveaux territoires et des marchés qui vont avec.

    Jamais la santé publique et la sécurité publique ne se sont rejointes aussi clairement sur le sujet des drogues. C’est désormais seringues propres contre kalachnikov… Nous pouvons certes être pour le maintien d’un interdit. Mais nous ne pouvons plus être pour des politiques répressives qui produisent de l’insécurité et contrarient les actions de santé publique. Il faut donner du courage et des possibles à nos élus politiques.

    Comment mieux informer, comment faire évoluer l’opinion publique? L’action radicale est politiquement très délicate (nous pouvons avoir médicalement raison et politiquement tort…). Aussi laissez-nous, monsieur le président de la République, Mr le Premier ministre, débattre et expérimenter de manière documentée et constructive entre professionnels, politiques, représentants de la société civile et usagers de drogues.

    Laissez-nous, non seulement continuer de travailler sur le terrain, dans les municipalités de droite ou de gauche, mais permettez-nous de décoder les problèmes de santé publique à l’attention des médias et des responsables politiques.

    Après le tristement célèbre «responsables mais non coupables», nous aimerions pouvoir vous éviter le «irresponsables et coupables»…

    Dr William Lowenstein

    Spécialiste des addictions

    Président de «SOS addictions» 

     site source :http://www.slate.fr/tribune/64217/salles-de-shoot-cannabis-seringues-propres-kalachnikovs

     


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