• Le blog de Karim Miské

    Chronique des années dix

     

    kesneme

    Le débat autour de la question du cannabis laisse songeur. D’un côté, les partisans de la légalisation alignent une série de raisonnements logiques pour justifier leur position qui tire notamment sa force de l’échec patent de quarante ans de politiques répressives. Face à eux, les prohibitionnistes se contentent de faire assaut d’arguments d’autorité et de tautologies sans proposer ne serait-ce que le début d’une politique nouvelle. Quelle peut bien être la raison de cette troublante crispation autoritaire ? Pour tenter de comprendre, écoutons Manuel Valls, l’un des prohibitionnistes les plus actifs ces temps-ci dans les médias. Sur son site web, le maire d’Évry affirme  :

    « Toute substance qui contribue à l’aliénation des hommes est en soi hérésie. » Une déclaration qui semble entrer en contradiction avec les propos relativement confus qu’il a tenus la semaine dernière sur France Inter : « Bien évidemment, même si nous savons qu’en France il y a un rapport culturel très particulier à l’alcool, ça n’est pas en renversant notre système de valeurs qu’on répond à cette question majeure. »

    En d’autres termes : il faut prohiber toute substance qui contribue à l’aliénation des hommes. Sauf l’alcool, qui fait partie de la culture française. C’est donc en tant que substance aliénante allogène (voire hérétique pour reprendre le vocabulaire religieux de Manuel Valls) que le cannabis doit être interdit. Cela même si, selon le rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 30.000 décès sont imputables en France à l’alcool alors qu’en dehors de 230 accidents de la route mortels, on n’a pas réussi à prouver l’existence d’une surmortalité due au cannabis. Et même si d’après le rapport Roques établi pour le ministère de la santé en 1998, le Cannabis est la drogue qui suscite le moins de dépendance, loin derrière l’alcool. Mais également derrière les médicaments hypnotiques et anxyolytiques qu’il est si facile de se procurer par le biais de son médecin de famille.

    Toute substance qui contribue à l’aliénation des hommes est en soi hérésie. La phrase de Manuel Valls est forte. Elle sonne bien. Las ! Le reste du discours du maire d’Évry montre que cette martiale déclaration de foi en une nature inaliénable de l’homme présente quelques lacunes. Qu’il s’agisse de l’alcool, des médicaments ou des nombreuses addictions sans substance que notre société offre en grand nombre. Les maladies individuelles en lien avec les pratiques sociales de consommation telles que les définit la Fédération Française d’Addictologie. Jeux vidéos, achats compulsifs, sexe ou nourriture à haute dose. Tout ce qui permet de remplir son vide intérieur au lieu de s’y confronter.

    Et si ce qui est en jeu dans cette étrange crispation sur la prohibition du cannabis n’était pas la lutte pour la désaliénation de l’homme, à laquelle Manuel Valls, ainsi que Claude Guéant, François Fillon et les autres prohibitionnistes majoritaires dans la classe politique, montrent tant d’attachement ? Et si l’objectif confusément poursuivi était plutôt de charger une drogue de tous les maux pour masquer notre tolérance aux dépendances multiples qu’engendre le type de société qui est le nôtre ? De masquer le fait que comme l’explique la psychanalyste Cynthia Fleury :

     

    « Dans notre société de l’hyperconsommation, l’addiction devient la norme et non plus la marge. » Car, « Le propre d’une société addictogène, c’est d’instrumentaliser nos manques. »

    Sans que personne ne se l’avoue vraiment, l’interdiction du cannabis semble bien avoir une fonction précise. Le maintien irrationnel de cette prohibition, au risque de permettre la formation de véritables maffias dans nos cités, nous permet d’éviter de contempler cette vérité aussi banale que dérangeante : nous sommes tous des toxicomanes. C’est ce qui fait tourner ce monde. Et la majorité d’entre nous semble bien préférer incriminer les fumeurs de joints plutôt que d’affronter son angoisse.

    Ce qui peut se comprendre

    .site source:http://blogs.lesinrocks.com/karim-miske/2011/06/21/cett-etrange-prohibition-du-cannabis/


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  •  - Longtemps impossible, le débat sur la dépénalisation et la légalisation des stupéfiants a fait irruption dans le paysage politique mondial. Retour sur les raisons d'un changement de cap durable

     

    Licence CC by SA 2.0. Galerie Flickr de torbenh

    En Histoire, comme en Formule 1, le top départ est toujours précédé d'un warm up. On en a une nouvelle fois la confirmation avec le débat actuel sur la dépénalisation de la consommation de cannabis. Pourquoi le sujet est-il soudain devenu brûlant alors que les questions posées ne datent pas d'hier ? Jetons un bref coup d'œil par dessus notre épaule : en moins de deux mois, trois événements, des prises de paroles extrêmement fortes, ont précipité la nécessité de débattre politiquement, à l'échelle française, mais aussi internationale, d'une question – notre rapport aux drogues  – que les politiques, justement, ont mis tous leurs efforts à éviter.

    Premier acte : le cri lancé en avril par le poète mexicain Javier Sicilia, après le meurtre de son fils par les « narcos ». « Nous en avons ras-le-bol de vous », lançait-il aux politiciens de son pays, incapables de conduire efficacement la guerre contre les trafiquants et de mettre fin aux massacres entre bandes rivales, qui ont fait près de 40 000 morts en à peine cinq ans dans son pays. Et Javier Sicilia d'appuyer son cri d'un geste inouï : renoncer à l'écriture. Pour un poète, c'est arrêter de respirer.

    Deuxième acte, début juin : une commission internationale (The Global commission on drug policy), créée en 2010 et composée de quelques ex-huiles de la politique – Kofi Annan (l'ancien secrétaire général de l'ONU), Frenando Cardoso (ancien président du Brésil) ou Ernesto Zedillo (ancien président du Mexique), entre autres – lançait une bombe (symbolique) : « La guerre à la drogue a échoué, il faut changer de politique », écrivait-elle dans son rapport. Constat implacable. Et les anciens responsables (devenus lucides, ou bien courageux, ou peut-être réalistes... en tous cas libres de s'exprimer, sans doute parce qu'ils ne sont plus aux affaires) d'enfoncer le clou, en suggérant non seulement que l'on expérimente la légalisation contrôlée du cannabis, mais en prônant aussi la distribution médicalisée d'héroïne... Extraordinaire revirement à ce niveau de responsabilités, où la pensée unique – le tout-répression prôné par les Etats-Unis – règne en maître.

    Dépénalisation ? Le mot est lâché, de très haut, sur la scène internationale. Il est tombé sur l'Hexagone. C'est Stéphane Gatignon, le maire (Europe Ecologie) de Sevran (Seine-Saint-Denis), qui a cassé le verrou politique : il faut, explique-t-il dans un livre qui fait sensation (1), dépénaliser le cannabis pour mettre fin aux dérives criminelles provoquées par sa prohibition. La légalisation porterait en effet un coup fatal au dealers, en ouvrant le marché. Et Monsieur le maire d'en appeler, en même temps, à l'armée pour rétablir la paix civile dans sa cité... Dans d'autres sphères, le débat n'a, en fait, jamais cessé, comme en témoigne la sortie de deux autres ouvrages, l'un du journaliste Michel Henry (2), l'autre du chercheur Patrick Pharo (3).

    Dernier étage de la fusée : le rapport que Daniel Vaillant, ancien ministre de l'Intérieur de Lionel Jospin, a déposé ce mercredi 15 juin dans le bureau du groupe socialiste à l'Assemblée nationale. Un rapport qui propose la légalisation contrôlée du cannabis. Quelle relation entre ces quatre événements ? La fin du tabou, l'explosion de la question sans cesse refoulée dans les enceintes politiques. Et un même constat, de Sevran au Mexique : si les guerres n'ont pas la même ampleur, leur échec est tout aussi flagrant. Et la discussion sur la légalisation, indispensable.  Pour les politiciens français – en particulier les candidats à la présidentielle – impossible de se défiler. Espérons qu'ils seront à la hauteur d'un débat qui doit être aussi dépassionné que possible, qui mérite autre chose qu'un combat en deux rounds entre « pro » et « anti », entre « morale » et « décadence ».

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    Olivier Pascal-Moussellard

    (1) Pour en finir avec les dealers, de Stéphane Gatignon, éd. Grasset, 224 p., 16 €.
    (2) Drogues. Pourquoi la légalisation est inévitable, de Michel Henry, éd. Denoël, 240 p., 16 €.
    (3) Philosophie pratique de la drogue, de Patrick Pharo, éd. du Cerf, 393 p., 37 €.

    site source: http://www.telerama.fr/idees/comment-le-tabou-de-la-drogue-est-tombe,70211.php

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  • Par Jade Lindgaard et Michel de Pracontal

    Fuites à répétition, rejets de gaz radioactif, contaminations de travailleurs: des témoignages et documents recueillis par FrenchLeaks et Mediapart révèlent une réalité insoupçonnée dans l'une des plus grosses centrales nucléaires françaises, le site de Paluel. Bien loin de l'image de sûreté parfaite véhiculée par le discours officiel

    site source:http://www.mediapart.fr/journal/france/220611/nucleaire-incidents-en-serie-la-centrale-de-paluel


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  • Madame, Monsieur,

    C'est demain à 13 heures que nous allons remettre les pétitions au Parlement européen, à Bruxelles, pour la défense des médicaments à base de plantes en Europe.

    Grâce à votre mobilisation, nous avons obtenu pas moins de 1,4 millions de signatures, sans compter les 850 000 signatures que le mouvement citoyen Avaaz a récoltées à notre suite.

    Nous serons nombreux au Parlement européen. Une grande conférence a été organisée par la députée européenne Michèle Rivasi, et les eurodéputés Satu Hassi, Heide Rühle, Carl Schlyter and Bart Staes. Elle se tiendra de 13 heures à 16 heures, dans la salle A5G3 du Parlement.

    Les représentants de la Commission européenne (DG SANCO), de l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) et de l’Autorité européenne des aliments (EFSA) répondront aux questions que se posent les citoyens européens sur la directive 24/2004/CE, aussi appelée THMPD (Traditional Herbal Medicinal Products Directive). Vous pouvez aussi poser des questions via la page Facebook créée par Madame Rivasi sur le sujet : http://www.facebook.com/event.php?eid=106006196160172

    Rappelons que la directive THMPD crée une Autorisation de Mise sur le Marché « simplifiée » pour les médicaments à base de plantes, dont le coût est estimé à... 100 000 à 140 000 euros par plante, une somme hors de portée pour la plupart des fabricants (qui travaillent à l'échelle artisanale).

    Cette nouvelle procédure est en train d'entraîner la disparition de nombreux remèdes à base de plantes, dont la rentabilité financière ne peut justifier de tels investissement. On redoute également la faillite d'une myriade de petits acteurs du secteur qui n'ont pas la puissance financière pour se plier à la nouvelle procédure. (Lire absolument à ce sujet l'interview de l'herboriste Michel Pierre, ci-dessous).

    Bien entendu, les autorités se veulent rassurantes. Elles affirment qu'elles se montreront ouvertes et respectueuses des traditions médicinales les plus anciennes et les plus éprouvées.

    Mais comme l'a rappelé la députée Michèle Rivasi sur son site Internet le 16 juin :

    « Fin février 2011, la liste communautaire des substances, préparations et remèdes traditionnels à base de plantes déjà enregistrés ne comptait que 215 produits. Et seules 79 monographies communautaires de plantes médicinales ont été finalisées à ce jour. »

    Deux-cent-quinze produits, alors que des dizaines de milliers de remèdes à base de plantes étaient autorisées en Europe jusqu'au 30 avril 2011, la date butoir de mise en application de la directive THMPD.

    C'est le nettoyage par le vide.

    De plus, cette nouvelle législation étant mal connue et difficile à interpréter, de nombreux fabricants et distributeurs se retrouvent dans une situation d'insécurité juridique qui bloque toute initiative de leur part.

    La difficulté vient notamment de la définition des médicaments à base plantes, extrêmement large et floue, qui englobe un très grand nombre de plantes et toutes les préparations à base de plantes (substances végétales concassées ou pulvérisées, teintures, extraits, huiles essentielles, jus obtenus par pression). Seraient ainsi assujetties à une demande d’AMM toutes les plantes ayant un principe actif et l’ensemble des préparations officinales préparées par les professionnels de la santé.

    Beaucoup de grossistes et de distributeurs préfèrent ne plus commercialiser les plantes par crainte des risques encourus, à tel point que la survie toute la filière en Europe est aujourd'hui menacée. Si elle disparait, les patients européens n'auront plus la possibilité pratique de se procurer de nombreuses plantes médicinales, quand bien même celles-ci seraient théoriquement autorisées par l'Union Européenne.

    Pour toutes ces raisons, nous continuons à dénoncer haut et fort la directive 24/2004/CE qui, loin d'avoir pour effet de protéger les patients en leur garantissant des produits de qualité à base de plante, représente bel et bien l'arrêt de mort d'un savoir ancestral majeur de notre civilisation, les remèdes traditionnels à base de plante.

    Plus que jamais, il est urgent de proposer des solutions législatives et administratives alternatives à ce que propose la directive européenne 24/2004/CE pour sauver les herboristeries qui proposent un savoir et un savoir-faire irremplaçables dans le domaine des plantes médicinales et des préparations à base de plantes, et de contribuer ainsi à préserver le bien être de tous.

    Pour relever ce défi, nous sommes en cours de constitution d'une structure à Bruxelles dédiée à la protection de la santé naturelle en Europe. Notre prochaine communication aura pour but d'en annoncer le lancement, et sera accompagnée d'un appel à toutes les structures existantes qui souhaitent contribuer à ce travail essentiel.

    Avec mes remerciements de votre intérêt pour cette cause essentielle,

    Augustin de Livois
    Collectif pour la Protection de la Santé Naturelle

     

    INTERVIEW (A LIRE ABSOLUMENT !)

    Michel Pierre, vous êtes propriétaire de l’herboristerie du Palais Royal à Paris depuis 40 ans selon les règles en vigueur de l’époque. Vous avez écrit plusieurs livres dont « Secret des plantes » (éditions Artémis) et vous en terminez un autre aux éditions du Chêne. Quel impact a eu la pleine entrée en vigueur de la directive 2004/24 (Directive THMPD) sur votre activité ?

    Il faut bien comprendre que l’on ne peut pas se contenter de parler des herboristes. Il faut prendre en compte tous les acteurs du secteur : les cueilleurs, les producteurs, les grossistes, et les herboristes au bout de la chaîne. C’est bien toute une filière que l’on risque de tuer en appliquant cette directive et tous les emplois qui vont avec. Pour les cueilleurs et les producteurs surtout, ces limitations représenteront un manque à gagner important. Une grande partie du monde agricole pâtira de ce texte. Avec cette directive, on coupe presque définitivement le lien qui existe entre le terroir et le reste de la société et on prend le risque de perdre en même temps un immense savoir ancestral qui faisait la force de nos régions. Rappelons que plus de 50 % de nos herbes sont produites en France.

    En ce qui me concerne, c’est d’abord mon herboristerie qui m’inquiète. Je distribue chaque année environ 30 tonnes d’herbes auprès de 60 000 clients dont de nombreux médecins. Ce chiffre pourrait être divisé par deux, ce qui m’obligerait à licencier quatre de mes huit salariés. Dans ces conditions, je ne pourrais plus travailler, je n’aurais plus qu’à devenir consultant extérieur pour une pharmacie !

    Alors bien sûr, le ministère de la santé se veut rassurant, les institutions européennes aussi. On nous dit que plus de 600 plantes seraient autorisées en Europe et que c’est bien assez pour proposer des produits aux clients mais ce ne sont que des paroles. En attendant, depuis que la directive est passée, mon grossiste refuse de me vendre certaines plantes car il ne sait pas aujourd’hui quels sont les risques qu’il encourt. Il faut du temps, il parait, pour que soit établie cette liste de plantes. Mais combien ? Deux ans ? Trois ans ? Il en faudra probablement moins pour que l’herboristerie disparaisse complètement en France, et nous sommes une quinzaine.

    En réaction à la pétition que le Collectif pour la défense de la médecine naturelle a lancée le 16 mars dernier (Guérison défendue) et qui a rassemblé plus de 1,4 million de signataires, la Commission européenne et certains grands journaux ont estimé qu’entre le vote de la directive (2004) et son application (2011), il y avait eu suffisamment de temps pour que les acteurs du secteur puisse déposer des demandes d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Qu’en pensez vous ?

    Cela montre simplement que les institutions européennes n’ont aucune connaissance du terrain en France. Aujourd’hui une herboristerie n’a pas le droit de déposer de dossier d’AMM.

    Nous pouvons déposer des demandes comme n’importe quelle société vendant des compléments alimentaires auprès de la DGCCRF, mais la liste est très loin de la quantité de plantes vendues en herboristerie.

    En fin de compte, depuis la suppression du diplôme d’Herboriste en 1941, sous le régime de Vichy, rien n’a été fait par les pouvoirs publics en faveur de l’herboristerie. Au fil des années et des législations notre métier a été étouffé petit à petit dans la plus grande indifférence générale jusqu’à cette pétition. Et je me réjouis qu’elle ait touchée autant de personnes en Europe. C’est peut être là, l’un de nos derniers espoirs : que les gens réagissent face aux limitations qu’on nous impose sans nous consulter. On nous tue à petit feu.

    On nous explique aussi avec le principe de reconnaissance mutuelle, qu’on peut aller se fournir partout en Europe. Je peux aller chercher des plantes en Italie ou en Allemagne qui sont interdites en France. Mais nous ne sommes pas un multinationale ! Nous n’avons pas les moyens d’aller chercher toutes ces plantes ailleurs sans compter qu’il parait aberrant d’aller chercher en Allemagne des plantes qui poussent déjà chez nous et que l’on utilise depuis des générations.

    La solution serait peut être d’inviter les herboristes européens à venir s’installer en France, puisque le diplôme existe en Allemagne, Italie, Espagne, ou autoriser les pharmaciens à ouvrir des herboristeries, cela fait quand même partie de notre culture.

    Concrètement, avez-vous des exemples de plantes qu’aujourd’hui vous ne pouvez plus distribuer à l’issue de la pleine entrée en vigueur de la directive THMPD ?

    Bien sûr. Prenez par exemple la Chélidoine. Avec la nouvelle directive, elle sera soumise à une AMM pour toute distribution parce qu’elle contient des dérivés de benzylisoquinonéique, un alcooloïde, qui pris en trop grande quantité, peut provoquer des hépatites A, mais il s’agit d'extraits, pas de plantes pour infusion.

    Nous on la proposait en tisane. C’est désormais impossible. Mais vous la trouverez en pharmacie sous forme de gélules ou de teintures, sauf que ces gélules sont conçues avec des extraits de plantes qui sont bien plus puissants que la plante en elle-même, et là, il faudra être attentif.

    Je comprend que l’on interdise la vente du sassafras qui peut avoir des conséquences sur le système nerveux, je comprend que l’on interdise la vente d’extraits alcoolisés, ou d’huile essentielle d’absinthe, mais je ne comprend pas que l’on ne puisse plus vendre la plante pour faire des tisanes.

    ET  VOUS ? EST-CE QUE VOUS LE COMPRENEZ ???

    Pour REVOIR NOTRE VIDEO SUR LA DIRECTIVE THMPD, RENDEZ-VOUS SUR: www.defensemedecinenaturelle.eu

    ENVOYEZ LE LIEN A TOUS VOS AMIS. C'EST LE DERNIER MOMENT POUR OBTENIR DES SIGNATURES À NOTRE PETITION QUI SE TROUVE ICI (VERSION FRANÇAISE) :

    http://defensemedecinenaturelle.eu/signerlapetition.php


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  • Anxiolytiques, neuroleptiques, antidépresseurs... Pas besoin de dealeur pour se les procurer.
    Sélectionné et édité par Hélène Decommer

     

    Les substances modifiant la conscience existent dans toutes les communautés humaines, de l'alcool à la coca en passant par l'amanite tue-mouche (le mycologue Wasson est une source… stupéfiante) ou le cannabis. Pourquoi ?

    L'origine de l'usage de ces substances semblait en général "ritualisé" (par exemple les mystères d'Eleusis) et intégré au bon fonctionnement de la société (encadré par un shaman, un guérisseur…). Le Saint Graal rempli du sang du Christ en est le témoignage symbolique et le vin est une des bases des liturgies judéo-chrétiennes. Quant au "corps du Christ" qu'on avale sous forme de pain pour accéder à la révélation, il autorise toute les spéculations sur son origine. 

    Pourquoi cet usage si commun à toutes les sociétés humaines, partout dans le monde, avec ses plantes spécifiques, a-t-il été dévoyé pour devenir un fléau mondial ? 

    L'histoire nous montre que les propriétés addictives de l'opium ont été utilisées par le colonialisme comme une arme (l'opium des Indes a déferlé sur la Chine et l'Indochine pour le plus grand profit des colons, notre ami Tintin le raconte très bien). Les Anglais provoquèrent deux guerres de l'opium

    Là où la préparation était utilisée à bon escient (pour un rite initiatique contrôlé ou un acte thérapeutique) par un "initié", prêtre, sorcier ou bien apothicaire, l'usage politique en a révélé les caractères addictifs et la promesse d'un fructueux commerce. L'usage de masse avait ses avantages, alors la boîte de Pandore a été ouverte et l'addiction a envahi le monde. 

    L'accoutumance à l'opium se développant en Europe, avec ses raffinements comme la morphine, on a dû inventer l'héroïne pour la vendre aux dépendants (un avant-goût de la méthadone). Débordées par un phénomène dont elles connaissaient les dangers, les nations proclamèrent la prohibition.

    On va même, aujourd'hui, jusqu'à vendre du sulfate de morphine (Moscontin) pour se désintoxiquer de l'héroïne. Ouroboros, le serpent qui se mord la queue est de retour. 

    L'histoire de la gestion des drogues est édifiante. Et les deux derniers siècles montrent une incompétence rare dans ce domaine. Est-il stupide de dire que les effets collatéraux de la prohibition sont plus néfastes que l'usage lui-même ? Combien de décès dus aux produits frelatés ou concentrés artificiellement, combien de crimes de sang liés au trafic, que dire de l'énorme flux financier qui échappe à l'impôt et renforce la pègre ? 

    Pourtant, la science moderne a bien besoin de la connaissance de ces sorciers qui maîtrisaient le secret des plantes, pour créer ses médicaments (le curare des Indiens d'Amazonie n'est-il pas utilisé par la pharmacie moderne ?)…

    Mais la boîte de Pandore ne peut pas se refermer et il ne faut pas compter que la société puisse revenir à l'encadrement cérémoniel et ritualisé des origines.

    Où en sommes nous aujourd'hui ? La France est en surconsommation de psychotropes "légaux", petites pilules vendues en masse aux travailleurs pressés comme des citrons, enfermés qu'il sont dans cette autre addiction dont on ne parle jamais : la fièvre de la consommation. La drogue est déjà en partie légalisée sous le contrôle du médecin, ou en vente libre pour l'alcool et le tabac. 

    Les laboratoires pharmaceutiques pourraient donc reprendre le flambeau de la pègre, et nous concocter des pilules du bonheur qui nous fassent rire… Ce serait plus amusant que le Médiator.

    Il y a même un chimiste de renom qui est spécialisé dans les psychotropes récréatifs, aux effets variés, plus ou moins hallucinogènes. Il assemble des petites molécules, et crée de nouvelles substances… C'est lui qui a popularisé le MDMA, connu sous le nom d'ecstasy. Il s'appelle Sasha Shulgin, et ses compositions sont légales, puisque non encore répertoriées comme interdites. Et quand enfin elles le sont, il en a déjà inventé de nouvelles.

    Le développement de ces nouvelles substances, mortelles si on n'en respecte pas un certain dosage, risque de rendre encore plus floues les frontières de la légalité. Leur fabrication occulte, avec des moyens amateurs, est en plein développement. Proposer un équivalent industriel, contrôlé et réglementé serait un moindre mal face au danger d'une production de contrebande surdosée et frelatée. Le débat sur la légalisation du cannabis semble déjà un combat d'arrière-garde. 

    L'humanité se passe difficilement de drogue, il faut s'en faire une raison. Mais si ce qu'on ne peut arrêter peut parfois être canalisé, alors il faut le faire sans tarder. 

    Auteur parrainé par Tristan Berteloot

    site source:http://leplus.nouvelobs.com/contribution/2568;la-drogue-est-legale-mais-nous-ne-le-savons-pas.html


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