• marcus miller bassiste jazz soul blues  de son état . docteur S slap !slap! slap bass!

    quelques titres:

    power soul 

    http://www.youtube.com/watch?v=mqpxQ1Xf2us

    run for cover

     http://www.youtube.com/watch?v=ejgceU1IE-A

    moonlight sonata(ludwig von beethoven)

    http://www.youtube.com/watch?v=bhbi8GSsqrU&feature=related

    "rehab" concert north sea jazz

    http://www.youtube.com/watch?v=OLPD6tz5SyY&feature=related


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    Legaliser les drogues dures

    Reportage 09 septembre 2010 de Sandrine Magne

    Si la question de la légalisation des drogues douces, telle que le cannabis, revient régulièrement sur le devant de la scène, celle concernant la légalisation des drogues dures, en revanche, est rarement posée. Et pourtant, le magazine d’actualité Books a osé mettre en Une , un dossier intitulé « Faut-il légaliser les drogues dures? ». StreetGeneration poursuit le débat avec la sociologue Anne Coppel

     

    Derrière ce titre accrocheur se pose plus précisément la question de la décriminalisation des drogues, et des conséquences d’une telle mesure. Ses détracteurs monteraient sur leurs grands chevaux en criant à une déchéance totale, et pourtant, cette politique est appliquée au Portugal, où l’on constate pour l’instant des effets essentiellement positifs. Depuis 2001, ce pays a « aboli toutes sanctions pénales pour possession personnelle de drogue, y compris marijuana, cocaïne, héroïne et méthamphétamine ». Avec une substitution des peines d’emprisonnement parune offre (déclinable) de thérapie.

    Une étude parue en 2009 permet d’observer ce qu’ont été les conséquences de cet assouplissement de la loi. Alors que l’usage des drogues chez les adolescents, ainsi que les taux d’infections au VIH, ont baissé, les demandes de traitement contre la toxicomanie, « ont plus que doublé », affirme le rapport. Aujourd’hui, « le Portugal est le pays d’Europe où le nombre de personne de plus de 15 ans ayant consommé au moins une fois de la marijuana est le plus faible : 10% ». Contre 39,8% aux Etats Unis.
    Par ailleurs, cette nouvelle politique a permis de réaliser une large économie sur les coûts de la répression et d’utiliser ces sommes dans le financement des programmes thérapeutiques. Ce qui devenait nécessaire, compte tenu, à titre d’exemple, que « le nombre de traitements de sevrage à la méthadone ou au Subutex est passé de  6 040 à 14 877 après la dépénalisation ». L’exemple a beau être des plus flagrants, l’opinion publique reste difficile à faire basculer. Dans les milieux politiques surtout, où bien peu de personnalités seraient prêtes à prendre le risque de soutenir une décriminalisation des drogues dites dures.

    Les Etats-Unis très touchés

    Aux Etats-Unis, ils ne sont qu’une minorité à étudier pareille éventualité et le pays reste le plus restrictif dans sa politique de prohibition tout en étant, paradoxalement, parmi les plus touchés par la consommation et les trafics de drogues, quelles qu’elles soient. Pour Jeffrey A. Miron, auteur d’un livre sur le sujet (Les crimes de la guerre anti-drogues. Les conséquences de la prohibition), il suffit de jeter un coup d’œil en arrière pour constater que la situation est similaire à celle des années 1920, lors de la prohibition de l’alcool. Une politique désastreuse qui avait été abandonnée. Etablissant un parallèle, l’auteur explique que, là aussi, l’idéal serait de « réguler et taxer le produit ». Bien que la consommation soit susceptible d’augmenter, « on verrait diminuer de manière drastique les souffrances causées tant par ces drogues que par la tentative de les interdire », affirme-t-il. Il chiffre même les économies que ferait le pays : « en additionnant les coûts directs de la prohibition et les recettes fiscales dont se prive le système actuel, les Etats-Unis tireraient de ce changement un bénéfice budgétaire d’environ 100 milliards de dollars par an ». Et si la présidence de Barack Obama semble plus encline à traiter la question que les précédents gouvernements, peu de changements restent envisageables dans un futur proche. Clive Crook, dans The financial Time, estime que « même une décriminalisation progressive – qui maintiendrait la prohibition mais la sortirait du cadre d’action de la loi pénale- semble peu probable, sans être totalement impensable ».

     

    books 2A la fin du dossier que présente Books, on trouve une interview de Moisés Naim, économiste et membre de la Commission latino américaine sur les drogues et la démocratie, danslaquelle il résume ainsi la situation : « c’est une erreur de réduire le débat sur la drogue à l’opposition manichéenne entre légalisation totale et prohibition totale ». Cette vision ne fait qu’engendrer sa stérilité. C’est bien un début de solution que propose le Portugal, en décriminalisant sans pour autant légaliser. Mais, explique l’auteur du Livre noir de l’économie mondiale, « n’importe quel responsable américain qui proposerait aujourd’hui une politique comme celle du Portugal perdrait immédiatement son poste ». Une évolution des mentalités est d’abord nécessaire.

     

    Les résultats d’études d’un côté, la politique de l’autre

    En France, selon un sondage Ifop du 19 août, 53% des Français sont « favorables à l’ouverture de salles de consommation de drogue médicalisées ». Mais côté Elysée, on tâtonne. En août, le gouvernement à refuser d’ouvrir des « centres d’injections supervisés », des structures où les toxicomanes auraient pu venir librement pour consommer des drogues, dans de bonnes conditions hygiéniques et sous lasurveillance de personnel médical. Bien que ces lieux aient, selon un rapport de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), « fait leurs preuves sur la réduction de la morbidité et de la mortalité associées aux overdoses ». Ils ont finalement été déclarés « ni utiles, ni souhaitables » par le gouvernement.

    …Qui revient sur ses pas en septembre, avec une annonce de l’Assemblée Nationale et du Sénat de « créer une mission d’information parlementaire sur les toxicomanies ». Avec au sommaire la question de l’ouverture ou non de ces structures, auxquelles Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, était favorable. 15 députés et autant de sénateurs composeront cette mission parlementaire, mais reste à savoir si leurs conclusions seront écoutées.

     

    Avec cette série d’articles, Books réunit des preuves pour démontrer l’ INEFFICACITE des politique purement répressives en matière de drogues ( généralisées en Occident depuis un siècle).

    Pourtant, malgré le constat, malgré les études, les livres et les enquêtes, les hommes politiques au pouvoir  (en France tout particulièrement, de droite comme de gauche) ne bougent pas, sourds à des faits qui pourtant interpellent. En la matière, les experts n’ont pas l’air d’avoir droit au chapitre et seule compte l’opinion qui « n’est jamais prête ».  Streetgeneration a rencontré Anne Coppel, sociologue et anti-prohibitionniste distinguée. Elle s’interroge sur le climat qui empêche le débat sur les drogues d’exister politiquement.

    Sandrine Magne

    site source:http://streetgeneration.fr/news/actu/societe/15887/legaliser-les-drogues-dures-voir-video/

    la video d'anne coppel ici:

    http://www.dailymotion.com/video/xeqztn_anne-coppel-civiliser-les-drogues_news#from=embed

     

     


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  • "un jour Zarathoustra s'était sous un figuier endormi en pleine chaleur,et sur son visage avait replié les bras.

    lors vint une vipère,et le mordit au cou,en sorte que Zarathoustra de douleur cria.Ayant oté le bras de son visage,il considéra le serpent;lorsque le serpent reconnut les yeux de Zarathoustra,il se tordit gauchement et voulut filer."mais non,dit Zarathoustra,point encore ne t'ai remercié ! tu m'éveillas au bon moment,ma route est longue encore"."ta route est brève désormais,dit la vipère tristement,mortel est mon venin."

    Zarathoustra sourit:"du venin d'un serpent,dit-il,vit-on jamais mourir dragon? reprends ton venin.pour m'en faire don n'es assez riche." lors de nouveau lui tomba la vipère au cou,et lui léchait sa blessure.

    Alors qu'un jour à ces disciples Zarathoustra contait cette histoire,ils le questionnèrent:" et quelle est la morale de ton histoire?"a quoi Zarathoustra répondit de la sorte:

    "le négateur de la morale,ainsi m'appelent les gens de bien et les justes;amorale est mon histoire.

    si vous avez un ennemi,ne lui rendez le bien pour le mal,car ce serait lui donner honte.mais prouvez-lui qu'il vous a fait du bien.

    et que plutot vous vous fachiez que de faire honte!et si l'on vous maudit,point ne me plait que lors veuillez bénir.mieux vaut un peu maudire!

    et subites- vous grande injustice,ajoutez-y sur-le-champ cinq petites injustices.il est affreux de voir quelqu'un sur qui ne pèse que l'injustice.

    le saviez-vous déja? une injustice partagée est la moitié d'un droit.et que sur lui prenne l'injustice qui l'a peut supporter!

    une petite vengeance est plus humaine que ne se point venger du tout.et si la peine n'est aussi,pour celui qui transgresse,un droit et un honneur,de vos peines non plus je ne veux.

    il est plus noble d'ètre pour soi-mème injuste que de garder son droit,surtout lorsque l'on as raison.mais pour ce faire

    il faut ètre riche suffisamment.

    je n'aime votre froide justice;et dans l'oeil de vos juges je vois toujours le regard du bourreau,et le froid de son fer.

    où trouve-t-on,dites-moi,la justice qui est un amour aux yeux lucides?

    inventez-moi donc cet amour qui non seulement souffre toute peine ,mais toutes fautes aussi!

    inventez-moi donc cette justice qui acquitte tout le monde à l'exception du juge!

    voulez-vous ouir ceci encore?chez qui se veut foncièrement juste,encore le mensonge mème devient philantropie.

    mais comment voudrais-je ètre juste foncièrement? a chacun comment puis-je donner sa part? que ceci me suffise: je donne à chacun ma propre part. enfin, mes frères, pour tous ermites prenez garde de n'ètre injustes! comment se pourrait-il qu'un ermite oubliat? comment se pourrait-il qu'il pris sa revanche?

    un solitaire est un puits profond.il est facile d'y jeter une pierre;mais,tombée jusqu'au fond,qui la veut retirer?

    au solitaire gardez-vous de faire offense! mais la fites vous,lors de surcroit tuez-le encore!

    ainsi parlait Zarathoustra.

       


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  • Par Ahmed R. Benchemsi et Bart Schut

    Dossier. Et si on légalisait le cannabis ?

    Avant d'être adoptée par TelQuel, cette position sur la légalisation du cannabis a été soumise au vote en conférence de rédaction, vendredi 16 juin. Nous étions 8. Résultat : 5 pour, 1 contre et 2 abstentions.

    Ce n'est qu'une hypothèse… Mais si on l'examine sans a priori (c'est sans doute le plus difficile, vu toutes les crispations idéologiques sur la question), elle pourrait bouleverser de fond en comble le Maroc - qui est, rappelons-le, le premier producteur mondial de haschich.

    Les hurleurs vont hurler, les moralisateurs moraliser, les pleureuses pousser des wili wili stridents… Mais voilà, c'est fait : la question est enfin posée frontalement, et mise en valeur comme elle le mérite. Il était temps. Ce débat planétaire n'avait pas encore été ouvert chez nous, alors que nous sommes, en tant que citoyens du premier pays producteur mondial de haschich… les premiers concernés !

    Des arguments pour légaliser, il y en a pléthore. Nous avons choisi - et nous l'assumons - de mettre en avant ceux-là, à l'exclusion des autres. Il y a sans doute des contre-arguments valables. Que ceux qui les défendent les mettent en avant, ce sera assurément plus intelligent - et plus instructif - que de récriminer aveuglément contre TelQuel. Ce pays manque cruellement de débats de fond, espérons que celui-là prendra.

    Mais allons, pour être cohérents, au bout de notre logique : la seule personne qui détienne assez de pouvoir pour prendre cette décision, c'est le roi Mohammed VI. La prendra-t-il ? Il est permis d'en douter.

    C'est d'abord son statut d'Amir al Mouminine qui pourrait l'en empêcher. On le dit haram, mais tout comme l'alcool, le cannabis n'est pas explicitement interdit par l'islam. Il l'est de manière détournée - et contournable, pour peu qu'on fasse l'effort d'Ijtihad nécessaire. Sauf que les Marocains n’y sont pas prêts. Ils sont prêts à inonder le marché mondial de kif made in Morocco, prêts à fumer un milliard de joints par an (authentique !), oui… mais pas encore prêts à admettre tout ça. Le second obstacle, c'est l'opinion internationale - traumatisante, comme on le sait, pour nos officiels. Si nous légalisons, il est à parier que l'Occident réagira en vierge effarouchée, oublieux des politiques de légalisation et de dépénalisation du cannabis qui ont cours sur son sol.

    Pour toutes ces raisons, et connaissant le tempérament prudent et réservé de notre roi, il est peu probable que le cannabis soit légalisé au Maroc - production, commerce et consommation, comme nous le préconisons. Ce serait pourtant une décision historique, une première à l'échelle mondiale, et qui serait sous-tendue par un argument de souveraineté imparable : “le bien de mon peuple d'abord”… Sur les 6 pages suivantes, nous expliquons pourquoi.

     


    Soyons clairs. Ce que nous proposons de légaliser

    Légalisation, tolérance, décriminalisation, dépénalisation : facile de se perdre dans cet embrouillamini de termes juridiques. Juridiquement parlant, voici ce que nous entendons exactement, dans ce dossier de TelQuel, par “légalisation” : une acceptation légale entière de la consommation, la production, le transport et la vente de tous les produits dérivés du cannabis (et principalement la résine, dite haschich), à l'intérieur des frontières du royaume.
    Soyons honnêtes : aucun pays au monde, jusqu'à présent, n'est allé aussi loin. Pas même les Pays-Bas, pays le plus tolérant au monde s'agissant du cannabis. Là-bas, tout ce que nous avons cité plus haut est légal, sauf la production et le transport. Pourquoi aller plus loin ? Tout simplement parce que le Maroc est non seulement un pays producteur mais le premier producteur au monde de résine de cannabis. Limiter le vœu de légalisation à la consommation aurait consisté à reconduire une hypocrisie qui a fait suffisamment de ravages, au Maroc et dans le monde. Légaliser la production de cannabis, la plus importante ressource naturelle que Dieu ait accordé à ce pays, ne serait d'ailleurs qu'un pas “officiel” à franchir, puisque sur le terrain, elle est très largement tolérée - et visible sans effort, et sans quitter la route nationale, pour quiconque effectue le trajet Fès-Ketama. Pourquoi limiter notre scénario à l'intérieur des frontières du royaume ? Parce que nous sommes libres de promulguer nos propres lois, mais pas de changer celles des autres. L'évidence même.

     

      
    Six raisons pour le faire

     
    Plus d’un milliard de joints
    sont roulés chaque année
    au Maroc. (AFP)

    1. Les consommateurs ne seraient plus des criminels
    Il y a peu de chances, cher lecteur, que vous soyez un producteur de cannabis. Il y en a nettement plus, en revanche, que vous en soyez un consommateur - ou, au moins, que vous ayez des amis qui le soient. De près ou de loin, vous êtes de toute façon concerné par une hypothétique légalisation du cannabis. L'effet le plus important que cela aurait, en effet, serait la décriminalisation de centaines de milliers de personnes dans notre pays. Pas seulement les fumeurs, mais aussi ceux qui les connaissent et ne les dénoncent pas (et qui sont légalement considérés, aujourd'hui, comme “complices”).


    Imaginez que vous puissiez allumer un joint dans votre salle de séjour, sans que vos amis non-fumeurs commencent à gigoter sur leurs sièges, en baissant la voix et en regardant autour d'eux pour s'assurer que toutes les personnes présentes sont fréquentables… Imaginez que vous puissiez entrer dans un magasin (comme à Amsterdam) et dire : “10 grammes s'il vous plaît !” Finis, les rendez-vous louches dans les voitures des dealers. Finis, les coups de fil tardifs à vos amis quand vous êtes à court de “matière première”. Plus besoin de tout cela ! Vous pourriez garder votre réserve personnelle au placard (ou sur votre table de cuisine) et si vous êtes à court de marchandise, il vous suffira d'aller au magasin du coin, ou de rencontrer votre dealer, en plein jour et en tout bien tout honneur, pour vous approvisionner. La vie ne serait-elle pas beaucoup plus simple ainsi ?

    Le fait est qu'aujourd'hui, des centaines de milliers de nos compatriotes sont condamnés par une loi que tout le monde transgresse d'une façon ou d'une autre. Les chiffres fournis par Altadis (ex Régie des tabacs) concernant la vente du papier et du tabac à rouler au Maroc, nous mènent à cette ahurissante conclusion : plus d’un milliard de joints sont fumés (donc plus d’un milliard d'infractions sont commises) chaque année au Maroc ! Des centaines de milliers de citoyens, honnêtes comme vous et moi, commettent ainsi, chaque jour, un “crime” qui ne consiste, en fin de compte, qu'à satisfaire une envie personnelle - comme d'autres le font en allumant une cigarette ou en ouvrant une bouteille de Cabernet, sans déranger personne.

    Ce n'est pas seulement le consommateur qui y gagnerait à ne plus être considéré, ni traité comme criminel. Les non-fumeurs se sentent en effet mal à l'aise quand du haschisch circule dans une réception, surtout quand ce sont eux qui reçoivent. Si la police fait une descente à votre domicile et qu'elle y trouve des stupéfiants (qu'ils soient à vous ou pas), c'est vous qui devrez vous en expliquer devant un juge !

    C'est évident : c'est une question morale qui se pose. Si l'Etat considère ses citoyens (qui peuvent être des consommateurs de cannabis) comme des individus sérieux et mûrs qui ont le droit de voter, défendent leurs pays en temps de guerre, contribuent à sa richesse en payant leurs impôts… pourquoi ne leur donnerait-il pas le droit de gérer leur vie privée (et les éventuels risques pour leur santé - lire encadré ci-contre) comme ils l'entendent ? Toute liberté supplémentaire octroyée au peuple est un signe de maturité et d'émancipation, non seulement pour le consommateur-citoyen mais pour l'Etat lui-même. Par ailleurs, la légalisation aurait pour effet de diminuer le prix de la marchandise (lire plus loin). Encore une raison, pour les fumeurs, de continuer à faire ce qu'ils ont toujours fait, mais cette fois avec un (plus) grand sourire…

    2. Les producteurs deviendraient honorables
    On a vu à quel point la décriminalisation changerait la vie du consommateur. Imaginez, maintenant, la vie du producteur… Elle changerait de fond en comble, et pour toujours ! Selon les estimations conjointes de l'Agence pour le développement du Nord et des Nations Unies, quelque 100 000 familles rifaines, soit 800 000 personnes, dépendent directement de la culture du cannabis. Tous ces gens sont donc, à aujourd'hui, des hors-la-loi.

    Une fois légalisé, le cannabis deviendrait un produit agricole comme un autre. Oubliée, l'épée de Damoclès planant en permanence sur des centaines de milliers de têtes ! Oubliées, les poursuites arbitraires contre quelques cultivateurs (forcément des boucs émissaires, vu l'ampleur des cultures). Oubliées, les destructions intempestives des récoltes et les appauvrissements collectifs dramatiques et sans issue qui en résultent ! Imaginez l'effet d'un tel changement sur la psychologie de ces populations qui se sentent exclues de notre société depuis plusieurs décennies. Imaginez les Rifains se sentant enfin des citoyens actifs, productifs, et respectés…

    Mais l'effet serait loin d'être uniquement psychologique. Une fois le cannabis légalisé, plus aucun obstacle n'empêcherait les cultivateurs d'étendre leur production. L'augmentation prévue du flux touristique dans le nord du pays entraînerait l'augmentation de la demande et, par ricochet, celles de la production et des revenus des cultivateurs et de leurs familles. Mieux, les cultivateurs pourraient s'impliquer dans la transformation de leur production brute (bottes de kif) en résine de cannabis consommable ; ils pourraient même en assurer le transport, voire la distribution - trois processus actuellement contrôlés par les mafias. Après la légalisation, les chefs mafieux n'auraient alors plus que les choix suivants : se convertir au commerce légal (ce qu'ils hésiteraient à faire, vu que leur marge bénéficiaire s'en trouverait fortement réduite) ; abandonner le commerce du cannabis (à cause, là encore, des marges désormais faibles) ; ou axer leurs activités sur l'exportation vers l'Europe (un créneau juteux mais qui resterait dangereux, car toujours illégal - sauf dans le cas improbable d'une révolution culturelle européenne). Dans les deux premiers cas, les effets de la légalisation seraient spectaculaires : des centaines de criminels mafieux n'auraient plus, du jour au lendemain… aucune raison de le rester !

    S'il n'est plus besoin de graisser la patte aux policiers ou aux gendarmes, si le producteur comme le transporteur de haschisch ne courent plus aucun risque, le cultivateur pourra enfin commencer à gagner sa vie décemment, en récupérant les marges de ses anciens “maîtres” mafieux. Ceux qui ont étudié la question ou ceux qui ont été faire un tour dans les montagnes rifaines le savent : actuellement, ce ne sont pas les petits cultivateurs qui roulent dans de grosses 4x4, mais bel et bien les gros barons.

    Les cultures alternatives ? On en parle depuis 50 ans mais toutes les études le démontrent : vu la nature ingrate du sol montagneux rifain, la plus lucrative des cultures alternatives est cinq fois moins rentable que celle du kif. Et cette dernière, vu ses conditions actuelles, permet à peine la survie des cultivateurs, coincés entre la double pression de la mafia de la drogue et des autorités. Tout cela ne peut plus durer… N'ayons pas peur de ce constat : à moins d'envisager un exode massif des paysans rifains, la seule manière de leur garantir des conditions de vie un minimum décentes est d'envisager la légalisation du cannabis.

    3. Une source majeure de corruption disparaîtrait
    Là où il y a délit, il y a corruption. La production, le trafic et la consommation sont des délits, et la corruption est une incontournable réalité dans le Rif - même s'il est, évidemment, impossible de la chiffrer. La grande question est donc : si on légalise le cannabis, le volume de la corruption dans le Rif baissera-t-il significativement ?

    À en croire l'ONG Transparency Maroc, chaque transaction économique légale dans notre pays engendre, en moyenne, un surcoût de 10 à 15% généré par la corruption. Même légalisé, le commerce du cannabis pourrait donc rester (au moins en partie) une activité “au noir” - tout comme le bâtiment ou le transport le sont aujourd'hui, dans l'unique souci d'augmenter les marges bénéficiaires des acteurs de ce commerce. Mais il y a tout de même une différence majeure : aujourd'hui, les intervenants dans le marché du cannabis sont obligés de corrompre, ils n'ont pas le choix. Demain, si le cannabis est légalisé, ils auront le choix. Fatalement, ils seront moins nombreux à faire ce choix. Et ceux qui le feront paieront de toute façon moins qu'avant, puisque “couvrir” du commerce au noir “coûtera” forcément moins cher que “couvrir” le trafic d'un produit illégal. L'un dans l'autre, la légalisation induira donc une baisse conséquente de la corruption.

    Mais ne rêvons pas trop… L'export restera le débouché le plus lucratif pour le haschich marocain et il restera illégal. Le chemin vers Algésiras restera donc truffé d'officiels qui prélèveront leur part sur le trafic. Mais au moins, les agents d'autorité (policiers et gendarmes) chargés aujourd'hui de réprimer le trafic intérieur, devront réfléchir à un autre moyen d'arrondir leurs fins de mois. Sans oublier leur hiérarchie, qui pourra les réaffecter tous (et ils sont nombreux) à d'autres tâches. Comme, par exemple, renforcer le contrôle aux frontières, pour rendre celles-ci plus étanches aux trafiquants internationaux, qui seront restés des hors-la-loi. Un bon argument pour mieux “vendre” notre processus de légalisation à des Etats européens qu'on imagine déjà sceptiques…

    4. Les recettes fiscales exploseraient
    Les effets macro-économiques de la légalisation du cannabis sont bien sûr difficiles à prévoir. Un expert en économie agricole prévoit néanmoins, en cas de légalisation, “un enrichissement des populations du Rif qui gonflerait notre PIB, car actuellement les énormes revenus du cannabis ne sont pas comptabilisés dans les statistiques nationales”. Du PIB, sans doute. Mais quid des recettes fiscales ? Depuis 1984, l'activité agricole au Maroc est exonérée d'impôts. Or, le cannabis est clairement un produit agricole. Sera-t-il exonéré aussi ? Rien n'y oblige l'Etat. La légalisation serait déjà une mesure juridique exceptionnelle, alors pourquoi pas, en prime, une petite exception fiscale ? Les cultivateurs, à n'en pas douter, préféreraient de loin payer des impôts pour avoir le droit d'exercer légalement, plutôt que continuer à vivre sans impôts, mais dans le mensonge et la peur… Et de toute façon, l'exonération fiscale de l'agriculture doit normalement s'achever dans moins de quatre ans, en 2010. L'ONU estime le revenu global des cultivateurs marocains de cannabis (sans compter celui des trafiquants) à 3,5 milliards de dirhams par an. Même en imaginant que ce chiffre ne bouge pas en cas de légalisation (alors qu'il y a de très fortes chances qu'il fasse plutôt un bond en avant), les recettes fiscales sur un tel chiffre d'affaires rendraient indiscutablement le sourire à M. Oualalou, notre bon ministre des Finances. Le gouvernement pourrait décider d'affecter cette manne supplémentaire à l'amélioration de l'infrastructure des provinces du nord et par conséquent, à renforcer les liens avec les Rifains et dissiper leur suspicion envers Rabat…

    5. Les touristes viendraient par millions
    Oui, il y aura foule ! Pas besoin d'être visionnaire pour prévoir, en cas de légalisation du cannabis, un raz-de-marée touristique sur le Maroc. Il ne sera plus question de 10 millions de touristes, mais (au moins) du double ! Sans compter ceux qui préfèrent les plages de la Costa Del Sol, mais qui ne pourront s'empêcher (s'ils sont fumeurs) de faire - au minimum - un petit saut de 24 heures à Tanger ou Tétouan.
    “Le Rif : mer, montagne et cannabis”, voilà un slogan qui ferait rêver des millions de touristes européens et américains. Chaouen deviendrait le centre d'une économie touristique prospère, au même titre que Nador, Al Hoceïma - bref, toutes les villes desservies par ferry depuis la péninsule ibérique. En attendant les aéroports internationaux… Pour répondre à l'afflux de touristes, les investissements hôteliers et de loisirs (nationaux ou étrangers) se multiplieraient. Et qui sait, les MRE originaires de la région (la grande majorité de ceux qui résident en Belgique et aux Pays-Bas) pourraient voir un nouvel Eldorado là même où ils ont leurs racines et leurs familles…

    Mieux encore : pensez à ce qui pourrait arriver à Casablanca ! Aujourd'hui ville d'affaires qui n'offre que peu d'attraits touristiques, la Ville Blanche - ou plutôt la Ville Verte - deviendrait la nouvelle Amsterdam de l'Afrique. Pensez à tous les touristes que les “hanout-qahoua” (ce serait rigolo, d’appeler nos coffee-shops comme ça) pourraient attirer… Casablanca ne sera plus cette ville où les touristes en route vers Marrakech passent le moins de temps possible. Elle deviendrait enfin la ville mythique et pleine d'aventures d'Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, celle-là même qui fait fantasmer les Occidentaux depuis la sortie du fameux film éponyme, dans les années 40. Casablanca pourrait exploiter sa situation stratégique et son aéroport international pour changer de statut : elle cesserait d'être un centre de transit peu attractif, et deviendrait une destination conviviale, qui ouvrirait les portes d'un royaume encore plus séduisant. Amsterdam l'a fait, et a fait fortune. Pourquoi pas Casa ?

    6. Le monde ne nous en voudrait pas (trop)
    Ne nous y trompons pas : si nous décidons de légaliser le cannabis, les consommateurs de toute la planète applaudiront mais certainement pas leurs gouvernements. L'Espagne appelle le Maroc, depuis longtemps, à lutter plus sérieusement contre le trafic de hasch. Nos deux alliés les plus importants, la France de Chirac et les Etats-Unis de Bush, ont toujours milité en faveur d'une politique anti-drogue fortement répressive. Si nous légalisons le cannabis, le Maroc ne risque-t-il pas d'être perçu comme un narco-Etat, une nation paria au ban de la communauté internationale ? Pas nécessairement…

    Si nous avons le droit souverain d'agir sur notre législation, nous devrons continuer à tenir compte de celle des autres. L'Occident continuera à interdire l'importation de cannabis sur son sol ? Soit. Dans ce cas nous combattrons son exportation. Sérieusement, cette fois, et dans une logique économique inédite : celle d'empêcher la fuite des capitaux. Raisonnement : pourquoi réaliser un chiffre d'affaires colossal en Europe (avec le risque que l'argent y reste), alors que nous pouvons réaliser le même chiffre d'affaires chez nous (et grossir d'autant notre épargne nationale) ? Slogan : “Nous ne pouvons pas vous envoyer notre haschich, venez le fumer ici !”

    Dans un sens, le système des coffee-shops néerlandais a toujours fonctionné ainsi. Même si la légalisation du cannabis a suscité en son temps des torrents de critiques (notamment de la part de la France et de la Suède) elle n'a jamais porté préjudice aux Pays-Bas sur un plan diplomatique, ni menacé le prestige de ce pays au sein de la communauté internationale. Les plus conservateurs parmi les Etats européens ont fini par s'y habituer, après un (léger) froncement de sourcils qui n'a guère duré plus que quelques années.

    Et les Etats-Unis ? Le cannabis marocain, pour faire simple, est le dernier de leurs soucis. Leur guerre contre la drogue est quasi exclusivement axée sur la cocaïne et vise notamment le Mexique (pour le trafic) et la Colombie (pour la production). Le Maroc n'a pas à s'inquiéter de ce côté-là, quand on sait que Washington, Paris ou Madrid nous considèrent comme un allié incontournable dans une guerre autrement plus importante que celle contre la drogue : celle contre le terrorisme.

     

    La question préalable. Est-ce dangeureux, oui ou non ?

    Dans quelle mesure la consommation de haschich est-elle réellement nuisible à la santé ? Le débat est souvent très politisé, voire outrageusement passionné. Quand les opposants à la légalisation dénoncent (et exagèrent souvent) les effets nuisibles du cannabis sur la santé, ses avocats réfutent l'argument médical et vont jusqu'à faire l'éloge de ses vertus médicinales. C'est sans doute excessif, dans les deux sens.
    Les effets physiques de la consommation de cannabis sont très limités. Il a un effet calmant et relaxant qui procure un sentiment de bien-être mais pas d'euphorie. Les effets diminuent à mesure que l'organisme s'y habitue mais sans créer pour autant de dépendance. Fumé en grande quantité, le haschich devient non pas une addiction mais une habitude. Une habitude tenace, sans doute, mais une habitude quand même. Dire que la consommation de cannabis conduit inévitablement à la consommation de drogues dures est scientifiquement infondé.
    Comme pour les autres “drogues”, le phénomène de l'addiction dépend moins de la substance consommée que de la psychologie du consommateur… ou de facteurs héréditaires. En tout cas, comparer les effets du haschich à ceux de la cocaïne ou de l'héroïne est aberrant. On ne peut même pas comparer la dépendance au cannabis à celle à l'alcool ou à la nicotine. La dépendance au cannabis est plutôt comparable à celle à la caféine. Quand on y est habitué, on a du mal à s'en passer, mais si on s'en passe quand même, aucun symptôme physique n'apparaît. Etrange, pourtant : jamais personne n'a appelé à l'interdiction de Nescafé…
    Par ailleurs, il n'est pas facile d'évaluer correctement les effets du haschich sur la santé, pour la simple raison que ça ne se fume jamais seul, mais toujours avec du tabac - produit qui a déjà, tout seul, des effets négatifs sur la santé, et qui engendre une addiction. L'effet conjugué du cannabis et du tabac est indubitablement nuisible à la santé du fumeur, mais de nombreux médecins affirment que “le goudron et la nicotine sont les pires substances qu'un consommateur puisse trouver dans son joint”.
    Les études qui ont démontré que la consommation du cannabis diminue les capacités de concentration ou provoque des pertes de mémoire, voire de la schizophrénie, sont discutables - et largement discutées. Il n'est d'ailleurs pas inintéressant de noter que ces études proviennent généralement des pays les plus farouchement anti-cannabis (Etats-Unis, France, Suède…). Or, ce sont les gouvernements de ces pays qui financent ces mêmes études. En revanche, des recherches récentes menées au Royaume-Uni ont démontré que le cannabis a un effet positif sur les cancéreux en traitement (ça diminue les douleurs liées à la chimiothérapie), et aussi sur les personnes atteintes de sclérose en plaques, de douleurs menstruelles, d'asthme, du sida, de la maladie de Parkinson, d'Alzheimer et… d'alcoolisme.

    Difficile d'expliquer valablement pourquoi le cannabis est interdit, alors qu'on peut acheter librement tabac et alcool à tous les coins de rue. De fait, les dommages causés, aux personnes comme à la société, par ces deux drogues légalisées, sont infiniment plus importants que ceux causés par le haschisch. Le tabac entraîne une dépendance forte (et prouvée), et est de surcroît très coûteux pour la société. Pensez au nombre de personnes qui souffrent de maladies liées au tabac, comme le cancer des poumons et les maladies cardio-vasculaires, et à ce que coûte leur traitement…
    L'alcool est pire, encore. Non seulement il provoque une grande dépendance, mais il provoque un énorme changement sur le comportement de celui qui le consomme. Pensez à ce clochard au pantalon sale qui va nu-pieds dans les rues, qui parle tout seul, qui invective “el houkouma” à tout bout de champ, et que vous faites semblant d'ignorer à chaque fois… Ce n'est pas le cannabis qui lui fait ça, mais, à tous les coups, l'alcool. Posez-vous la question : pourquoi les bagarres ont-elles toujours lieu devant (ou dans) des bars ? Justifier l'interdiction de l'alcool (les Américains l'ont fait dans les années 1920, mais ça n'a rien donné) serait beaucoup plus simple que justifier celle du cannabis. Et pourtant...

     

    D'autres l'ont fait. Des exemples pour le Maroc ?

    Les Pays-Bas ont sans doute la politique la plus tolérante dans le monde en matière de cannabis. Ce pays est souvent considéré comme l'exemple d'une légalisation réussie. Sa dépénalisation de la possession de haschisch (à condition de ne pas en détenir plus de 30 grammes) n'est pas unique en Europe. La plupart des pays de l'Union européenne tolèrent, en effet, la consommation de cannabis. Mais les Pays-Bas sont allés plus loin.
    Qui n'a pas entendu parler de ces fameux “coffee-shops” d'Amsterdam où l'on peut commander en toute liberté une grande variété de haschich ou de marijuana, comme on commanderait un Coca light ou un jus de pomme ? Pour avoir l'autorisation d'exploiter un coffee-shop, le propriétaire doit se conformer à des règlements très stricts imposés par le gouvernement concernant l'hygiène, les taxes (!), l'interdiction de vendre des drogues dures (cocaïne, héroïne) et l'interdiction de vendre aux mineurs. Les propriétaires respectent religieusement ces règlements. Pas fous ! Ils savent qu'ils sont assis sur une mine d'or et pour rien au monde, ils ne courraient le risque de perdre leur licence.
    Autre exemple intéressant : la légalisation de facto en Bolivie. À l'instar du Rif, une grande partie de la population de ce pays d'Amérique du Sud dépend économiquement de la production de drogues illicites. Seulement, en Bolivie, ce n'est pas le cannabis mais la plante de coca qui nourrit les familles de fermiers - qu'on appelle d'ailleurs les cocaleros. Bien sûr, la production, la vente et la consommation de cocaïne - le produit dérivé le plus connu de la plante de coca - est interdite en Bolivie. Cela dit, la culture de coca ne gêne en rien la plupart des Boliviens (idem pour les Péruviens, les Colombiens, les Equatoriens, etc.). Pour eux, la dépendance à la cocaïne est d'abord le problème des riches gringos (les Américains) et ils ne comprennent pas pourquoi leurs pays doivent subir les affres d'une guerre contre la drogue orchestrée par les Etats-Unis.
    Ils disent aussi que la culture et la consommation de la feuille de coca - qui a un effet relaxant reconnu - est chez eux une tradition millénaire. Les feuilles de coca se vendent librement à travers toute l'Amérique du Sud, et les T-shirts arborant l'inscription “la hoja de coca no es droga” (La feuille de coca n'est pas une drogue) sont très prisés par les touristes. La guerre américaine contre la drogue (incinération de milliers de kilomètres carrés de champs de coca, privant des dizaines de milliers de familles de leur gagne-pain) est si répressive et si vigoureuse que les cultivateurs de coca ont contribué à la destitution du président bolivien et ont élu à sa place Evo Morales… un ancien cocalero ! l

     

    Dernier mot.
    Imagine all the Moroccans...

    Né et ayant grandi au Pays-Bas, je ne me suis jamais posé de questions sur le haschich et la marijuana. Pour les adultes, acheter ou fumer de l'herbe est considéré comme un acte normal, parfaitement accepté par la société. Aucun parti politique (hormis quelques extrémistes religieux ultra-minoritaires) ne fait campagne sur l'interdiction du cannabis. Cela étant, parmi mes amis néerlandais, rares sont ceux qui fument. Personnellement, le cannabis, ce n'est pas mon “kif”. Cela n'empêche pas les étrangers de penser que toute notre culture est définie par notre rapport à “la drogue”. Jacques Chirac lui-même nous a un jour taxés de “narco-Etat” !
    Quand je suis arrivé au Maroc, j'ai été étonné de voir qu'à la différence de mes copains néerlandais, tout le monde ici fume ! Je dis bien tout le monde. Et notamment des Alaoui, des Berrada, des Alami, etc. Si la fine fleur de la jeunesse marocaine fume, si vos futurs (ou actuels) dirigeants roulent des joints avec autant de facilité, alors ça ne devrait pas être si difficile pour eux de défendre la légalisation… Non ?
    Peut-on imaginer qu'un jour, ce rêve devienne réalité ? Le Maroc deviendrait le pays le plus progressiste au monde - au moins sur ça… La première fois que j'ai pris la route Kétama-Fès, j'ai eu le sentiment que ce rêve devenait réalité. Je suis sorti de ma voiture pour marcher à travers ces superbes étendues vertes qui dégageaient un charme ensorcelant - sans doute la fascination de l'interdit. Par endroits, les plants de cannabis étaient plus grands que moi (je mesure 1m 95). Enfin, j'avais trouvé un pays plus tolérant que le mien en matière de cannabis (même si au Maroc, cela relève de l'usage plutôt que de la loi). C'était la première fois que j'étais vraiment fier de “mon” Maroc. Et je ne fume même pas. Même si personne ne me croit quand je dis ça...

    Bart Schut

     

    site source:http://www.telquel-online.com/233/couverture_233_1.shtml


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