• A quand une drogue qui donne du courage ?

    Michael Wyler

    Dans la famille des guerres impossibles à gagner, il n'y a pas que l'Afghanistan et l'Irak... Depuis 40 ans, nombre d'Etats sont en guerre contre les drogues illégales, un marché de 500 milliards par an et pour un flop, c'est un flop.

    Selon "Der Spiegel", quelque 200 millions de consommateurs, fument, mangent, boivent, sniffent, se shootent avec 40.000 tonnes de marijuana, 800 tonnes de cocaïne et 500 tonnes d'héroïne chaque année. Sans parler des millions de pilules genre extasy que n'importe quel plouc peut fabriquer @ home.

    Rien qu'aux Etats-Unis, cette guerre coûte 15 milliards de dollars par an et c'est peanuts par rapport aux sommes brassées par les producteurs et trafiquants. C'est aussi une guerre qui a occasionné la mort violente de 10.000 personnes par an en moyenne au Mexique ces six dernières années. Pourquoi est-il impossible de gagner cette guerre ? Pare que la demande est inélastique (quel que soit le prix à payer, les drogués ne peuvent pas s'en passer) et les marges bénéficiaires phénoménales.

    Une plantation de coca, c'est 5-6 récoltes par année. Une feuille de coca (0,5 % de cocaïne) est facilement transformée en pulpe (35 % de cocaïne). Il suffit ensuite de quelques produits chimiques courants pour produire de la cocaïne pure. Un bon labo clandestin peut ainsi en produire 15 tonnes par mois. Et maintenant, en route pour le voyage sur les marges...

    Le labo vend sa pure autour de 800 francs le kilo. Dès qu'il a passé une frontière locale, ce kilo se traite entre 7.000 et 8.000 francs. Une fois aux USA ou en Europe, il vaut quelque 40.000 francs. Entre grossistes bien sûr. Car la coke va ensuite subir plusieurs dilutions et le gramme se vend alors au détail - selon les villes et les pays - aux alentours de 120 francs. On passe donc de 80 centimes le gramme à la sortie du labo, à 120 francs à l'arrivée. Et quelle que soit l'importance les saisies, elle ne font qu'affecter le prix, mais pas la demande.

    Comme l'explique un des grands spécialistes de la question, le Professeur Nadelmann (Princeton), directeur de la Drug Policy Alliance (http://www.drugpolicy.org), pour gagner la guerre, il suffirait de convaincre 200 millions d'accros de renoncer à leur drogue. Utopique ? Certainement. Donc, il faut changer d'approche et détruire le business model des cartels. En clair, sinon légaliser, du moins libéraliser le marché. Car si les gouvernements le contrôlaient, comme ils contrôlent ceux de l'alcool et du tabac (ventes taxées et soumises à conditions), ce serait le fisc et non les cartels, trafiquants et dealers qui en profiteraient. Et les milliards dépensés en contrôle des frontières, police, prisons, etc. sans même parler du coût de la délinquance occasionnée par l'addiction, pourraient être affectés à la prévention et au traitement de cette dernière. Utopique aussi ? Hélàs... car les politiciens sont frileux de nature et aucune drogue semble susceptible de leur donner assez de courage pour innover. En attendant, habitants et commercants de nos villes continuent à subir les conséquences de cette myopie

    Pour mémoire, le tabac tue 5,1 millions de personnes par année, l'alcool 2,3 millions. L'héroïne, la cocaïne et le crack ? 200.000 

    site source :http://www.hebdo.ch/les-blogs/wyler-michael-post-scriptum/quand-une-drogue-qui-donne-du-courage 


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