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Par Fabrice Olivet | ASUD | 28/06/2011 | 17H24
La France s'engage enfin avec retard dans le débat mondial qui remet en cause le modèle prohibitionniste mis en place par le gouvernement américain et le président Nixon il y a exactement 50 ans. Amplifié par les travaux de la Global Commission on Drug Policy, une série d'attaques concentriques contre le principe de « guerre à la drogue » réunit plusieurs personnalités issus des milieux les plus divers.
L'offensive est menée par un maire de banlieue, Stéphane Gatignon, et un ancien ministre de l'Intérieur socialiste, Daniel Vaillant. Mais au-delà de ces figures de proue, de nombreux ouvrages favorables à une réforme de notre législation se sont succédés dans nos librairies ces derniers mois.
Les multiples échecs sociaux et économiques de la prohibition
Toutes ces prises de position ont un point commun, elles mettent en cause ce qui est supposé être le noyau dur de la répression : son efficacité en matière de protection des individus. Ce débat apparemment innovant doit en vérité beaucoup à l'argumentation en trois points défendus par les militants anti-prohibitionnistes américains :
- la prohibition est une atteinte majeure à la liberté individuelle,
- la prohibition est un non-sens économique,
- la prohibition est un désastre historique en matière de lutte contre la délinquance et de protection des personnes.
Or, malgré d'évidentes similitudes, le débat français reste muet sur ce qui constitue l'un des points forts de l'argumentation américaine : la prohibition frappe de plein fouet les minorités ethniques, ceux que nous appelons les « Français issus de l'immigration ».
Ce silence mérite d'être analysé car il recouvre de nombreux espaces délaissés ou maltraités par le débat français. Comme souvent, les questions ethniques sont les plus délicates à manier car elles frappent au cœur notre société dans ses zones d'ombres et ses non-dits.
Les minorités, principales victimes de la guerre à la drogue
Si l'on prend la peine d'étudier l'argumentation antiprohibitioniste américaine, on s'aperçoit que son architecture s'adapte parfaitement au logiciel antidiscriminatoire utilisé habituellement par les minorités :
- les minorités ethniques sont les principales victimes de la prohibition car « le pouvoir blanc » utilise le prétexte de lutte contre la drogue pour contrôler les populations considérées comme anxiogènes et à vocation carcérale depuis l'esclavage,
- la guerre à la drogue se déroule principalement sur le territoire des minorités qui doivent gérer à la fois le champ de ruines laissé par les guerres de gangs, et les ravages dus à l'abus de substances très toxiques,
- une autre dérive raciste de la prohibition est évoquée dans une tirade célèbre du film de Steven Soderbergh, Traffic. Contrairement aux stéréotypes véhiculés par les médias, les drogues sont principalement consommées par des blancs de la middle-class dont le pouvoir d'achat est la hauteur des tarifs « prohibitifs » appliqués aux substances illicites. Mécaniquement, cette demande exponentielle désintègre l'économie et pèse sur le lien social des zones habitées par les noirs ou les latinos déjà fragilisés par la discrimination. (Voir la vidéo de la bande-annonce du film Traffic)
- vidéo bande annonce sur site source
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Les plus gros consommateurs ? Les classes aisées
Il est absolument fascinant de constater à quel point ces trois arguments peuvent se décliner façon « frenchy », appliqués au contexte des banlieues et autres zones périphériques urbaines. En France aussi, les minorités ethniques subissent tous les jours une discrimination au faciès sous prétexte de traquer la « boulette », un état de fait confirmé par notre mascotte nationale, Eric Zemmour.
En France aussi, le territoire des cités est ravagé par la guerre à la drogue. C'est d'ailleurs l'argument principal utilisé par Stéphane Gatignon « pour en finir avec les dealers ». En France aussi, la principale demande de drogues émane des centres-villes bobo, voire bourgeois tout court comme le confirme une étude de l'Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies (OFDT), comparant les niveaux de saisie dans les différents arrondissements de la capitale.
Personne ne veut prendre la responsabilité de l'anti-prohibition
Alors pourquoi ce mutisme ? Pourquoi le facteur ethnique n'est-il pas brandi comme un argument supplémentaire, voire rédhibitoire du caractère fondamentalement inique de la loi de 1970 sur les stupéfiants ? La réponse est complexe et toujours nimbée par notre mystère républicain :
- d'une part, nous ne possédons pas de véritables élites communautaires qui pourraient se revendiquer clairement comme les portes-paroles reconnus des victimes des contrôles au faciès ou des descentes de police musclées,
- ensuite, la dénonciation du pouvoir blanc est périlleuse dans une société qui continue à privilégier un pacte républicain que ne fait officiellement pas référence à la couleur ou à l'origine des citoyens,
- enfin, et c'est peut-être la raison la plus significative, les personnalités issues de la « diversité » un peu en vue dans la société française ont tout à perdre à être assimilées à la défense des dealers et des drogués.
La casserole des drogues illicites qui est fièrement brandie par les minorités américaines comme un effet supplémentaire du racisme est pudiquement cachée par nos élites noires ou arabes. Au risque de la voir un jour brandie par ceux qui ont le plus d'intérêt à leur taper dessus avec.
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site source:http://www.rue89.com/2011/06/28/comment-la-guerre-a-la-drogue-aggrave-les-discriminations-211229
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KevinCEst-il mal de se droguer ?
Non attendez… reformulons plutôt cette question pour éviter les réponses réflexes consécutives à des décennies d’absence de réflexion sur ce sujet malheureusement trop tabou pour être abordé sereinement. Tournons donc la question différemment.
Est-il socialement inacceptable que des individus consomment des substances psychotropes afin d’altérer délibérément leur état de conscience ?
Avant de répondre à cette question, je vous invite à considérer le cas de l’alcool sur lequel j’aimerais me pencher quelques instants. L’alcool est un produit psychotrope, cela signifie qu’il modifie l’état de conscience des personnes qui en consomment. De plus, c’est une substance potentiellement addictogène, c’est-à-dire que sa consommation répétée peut provoquer un état de dépendance chez l’usager. Ces deux propriétés font de l’alcool une authentique drogue. Mais une drogue légale, contrairement à d’autres.
Pourquoi ? On suppose généralement que la raison doit être scientifique ou médicale. La logique voudrait en effet que la différence de statut juridique entre l’alcool et les drogues illicites soit fondée sur une échelle de toxicité graduée ou sur la gravité du risque addictogène. Mais il n’en est rien ! La littérature scientifique considère que l’alcool est globalement au moins aussi toxique que les autres drogues. Les raisons de cette politique différentielle sont donc autres (principalement historiques et géopolitiques).
Après avoir réassigné l’alcool au même rang que ses consœurs illicites, arrive la question suivante : existe-t-il une différence fondamentale entre les motivations primitives d’un consommateur d’alcool et celle d’un usager de drogues illicites ? Hé bien… Non !
Consommer de l’alcool afin d’altérer son état de conscience –de façon plus ou moins discrète (de la légère désinhibition recherchée dans l’usage convivial à la cuite monumentale des beuveries à ciel ouverts que sont les férias estivales)– relève d’une dynamique tout à fait comparable à celle qui consiste à fumer du cannabis, gober de l’ecstasy ou sniffer de la cocaïne. A partir du moment où les motivations sont les mêmes (i.e. modifier son état de conscience), peu importe la substance employée. Et cela reste valable quelque soit le degré d’usage. Le fumeur occasionnel de cannabis est animé des mêmes objectifs que l’usager occasionnel d’alcool, et le fumeur dépendant se noie dans sa drogue de la même façon que l’alcoolique. Moralement et sociologiquement, la consommation de drogues est analogue à celle d’alcool.
Bien sûr, je vois déjà venir une objection : la négation d’une recherche d’ivresse sous la défense d’un prétendu intérêt gustatif de l’alcool. Certes, je veux bien concéder l’existence des certains œnologues, sincèrement intéressés par le gout du vin, et de quelques rares amateurs des saveurs ambrées de différents whisky, mais je me permets de penser qu’ils sont minoritaires et que la plupart des consommateurs d’alcool en boivent pour ses effets psychoactifs. Croyez-vous que la bière aurait autant d’adeptes si toutes les mousses étaient sans alcool ? Quelle est la plus-value gustative d’une vodka-orange par rapport au seul jus d’agrumes ?
Ca semble ainsi difficilement contestable, l’alcool est majoritairement consommé pour ses effets psychotropes, ce qui rend son usage comparable à celui des drogues illicites. Mêmes motivations, même dynamique. L’acceptabilité morale et sociale des usages de drogues illicites doit donc être calquée sur l’acceptabilité de l’usage d’alcool.
Cela ne veut pas dire que l’on doive permettre tout et n’importe quoi vis-à-vis des usages de drogues, à l’image des erreurs de cadrage manifestes concernant l’alcool (publicité autorisée, beuveries organisées…). Cependant, il conviendrait de ne pas alimenter une perception différentielle de problèmes comparables et d’en harmoniser les tentatives de gestion. La principale solution d’harmonisation consistant en l’abolition du régime de prohibition.
La prohibition des drogues est un système qui prétend juguler les conséquences de l’usage de certaines substances en interdisant leur consommation, production, distribution... Quelque soit l’intérêt théorique de ce système, le fait est que –dans la pratique– il est non seulement inefficace mais également contre-productif. Inefficace car les usages de drogues ne cessent d’augmenter malgré un durcissement régulier des différentes législations, et contre-productif car l’interdiction d’un circuit de distribution légale oblige les usagers à s’approvisionner au marché noir, marché dont la fréquentation constitue une porte d’entrée vers des milieux criminels et sur lequel se trouvent des produits frelatés encore plus toxiques que les drogues originales elles-mêmes. Il ne s’agit pas ici de détailler l’intégralité de l’argumentaire anti-prohibitionniste, qui peut être retrouvé n’importe où, mais de suggérer l’opportunité de le considérer enfin comme une alternative valable.
Evidemment, une sortie totale de la prohibition ne peut être décidée comme ça, du jour au lendemain, dans toute son étendue. Il existe en effet différentes problématiques à considérer (reconversion des dealers, conduite à tenir vis-à-vis des produits les plus nocifs…), raison pour laquelle l’attitude la plus sage serait une sortie progressive du régime actuel, échelonnée sur plusieurs décennies et en plusieurs étapes. Et dans cette évolution progressive, la première étape serait logiquement la légalisation contrôlée du cannabis.
Pourquoi le cannabis ? Car c’est une des drogues les moins toxiques (par rapport à l’héroïne, la cocaïne, l’ecstasy ou encore l’alcool) et qu’en raison de sa consommation très répandue il devient urgent de proposer un encadrement, afin de d’empêcher les usagers d’avoir recours à un marché noir qui favorise la criminalité et la consommation de produits frelatés. Pourquoi la légalisation ? Car c’est le seul moyen de régler les problèmes évoqués ci-dessus. En effet, la dépénalisation est une mauvaise solution. Elle consiste à maintenir l’interdit en supprimant les poursuites pénales. Par conséquent, l’interdit subsistant, l’approvisionnement reste de nature mafieuse. Le crime organisé continue de s’enrichir, les usagers continuent de fréquenter des dealers (qui ont tout intérêt à les orienter vers des substances plus lucratives), les produits continuent d’être adultérés (augmentant les risques sanitaires par rapports aux drogues non coupées).
Alors que dans une optique de légalisation, la distribution du cannabis serait prise en charge par l’Etat, qui pourrait ainsi proposer des produits moins nocifs, sans liens avec les réseaux criminels, et réaliser une prévention plus efficace. De plus, le cannabis étant une drogue dont l’usage génère un coût pour la société, l’Etat pourrait taxer le produit afin de contrebalancer les dommages causés, sur le même principe que la taxation du tabac, de l’alcool ou des voitures polluantes (cependant la taxation doit rester cohérente avec le coût sanitaire causé par l’usage du produit, sinon on risque de voir réapparaitre les filières criminelles d’approvisionnement, comme c’est le cas avec le tabac, dont l’augmentation régulière des tarifs désormais prohibitifs favorise le trafic). Bien évidemment, il ne s’agit pas de mettre le cannabis en vente libre en supermarché. On pourrait imaginer la mise en place de "dispensaires", sur le modèle des coffee-shops hollandais (mais avec des filières d’approvisionnement légales, et sans forcément offrir la possibilité d’une consommation sur place), dans lesquels il serait possible pour les usagers majeurs d’acheter une quantité maximale préalablement fixée de cannabis. Dans ces lieux pourraient également être réalisées des initiatives de prévention, et les consommateurs problématiques pourraient se voir orientés vers des structures adaptées à la prise en charge de leur addiction. Tout ceci n’est possible que dans l’hypothèse d’une légalisation et non d’une dépénalisation. Concernant le reste du dispositif, la publicité pour le cannabis serait naturellement interdite et sévèrement punie, de même que la conduite sous l’emprise du produit. Ce qui implique le développement de tests de dépistage fournissant des résultats cohérents avec la durée d’imprégnation (les tests actuels pouvant se révéler positifs après un usage datant que quelques jours, alors que le sujet n’est plus sous l’emprise du cannabis). La qualité des substances dispensées serait également soumise à des contrôles rigoureux de façon à prévenir les contaminations diverses et à vérifier la conformité au regard des exigences fixées (on peut éventuellement imaginer une limite maximale pour la concentration en principes actifs).
Ce système serait la meilleure alternative possible à la situation prohibitionniste actuelle qui a fait preuve de son échec et dont les effets pervers empoisonnent la société de jours en jours. Une fois ce dispositif établi et après évaluation, la réflexion concernant des problématiques plus larges pourra être entreprise. Mais cela prendra un certain temps, alors que la situation est de plus en plus tendue. C’est la raison pour laquelle il devient urgent de franchir la première marche.
K.C.
26/06/2011
site source:http://www.lepost.fr/article/2011/06/26/2533808_revoir-la-politique-des-drogues-il-est-temps.html
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Des élus du Congrès américain ont annoncé hier leur intention de présenter un projet de loi qui légaliserait le cannabis et permettrait à chaque Etat de légiférer sur son utilisation, dans ce qui constitue la première initiative de ce type dans l’histoire du pays.
« La législation limiterait le rôle du gouvernement fédéral en matière de réglementation du cannabis et permettrait aux citoyens de cultiver, utiliser et vendre du cannabis de manière légale », expliquent dans un communiqué les représentants démocrate Barney Frank et républicain Ron Paul. Elle « mettrait fin au conflit entre Etats et gouvernement fédéral sur la politique à suivre concernant le cannabis », assurent les deux principaux auteurs du projet de loi.
Seize des 50 Etats américains, ainsi que la capitale, Washington, ont légalisé au cours des dernières années la consommation du cannabis, mais uniquement à des fins médicales. Les électeurs californiens avaient largement rejeté l’année dernière la légalisation complète de la consommation, de la culture et du commerce du cannabis, qui aurait créé un conflit avec les autorités fédérales. Cependant, dans au moins une demi-douzaine d’autres Etats, le débat sur la légalisation du cannabis se poursuit.
Au début du mois, une kyrielle de personnalités, parmi lesquelles d’anciens présidents latino-américains, avaient estimé dans un rapport que le combat mondial contre la drogue avait « échoué » et que le seul recours étais désormais la dépénalisation du cannabis. Selon des données de l’ONU, la consommation d’opiacés a augmenté de 35,5% entre 1998 et 2008, celle de cocaïne de 27% et celle de cannabis de 8,5%.
Source: Figaro
site source:https://www.cannaway.net/actualite/usa-vers-une-legalisation-du-cannabis/
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Télécharger la chanson : Chant-des-indignés.mp3Accords : Mi et RéLes indignés sont arrivés
De Valencia à Baiona
De Tokyo jusqu'à Oslo
On ne veut plus de ce système là
On ne veut plus faire partie du troupeauAlors citoyens, RÉVEILLEZ VOUS !!
Réveillez vous car du G8 à l'Élysée
'Sont pas tellement nombreux a vouloir se bouger
Alors c’est à nous tous ici réunis
De faire en sorte qu'on nous entende alors faites du bruitSay HO HO HO, say HE HE HE, say HI HI, say HO HO !!!
Familles travailleurs retraités chômeurs
Quel que soit ton drapeau quelle que soit ton attache
Quel que soit ton âge quelle que soit ta couleur
Attrape un duvet et rejoins nous sur la place
Que la démocratie remette l'homme au premier plan
Qu'elle débloque son accès au travail, au logement
A la culture, l'éducation, à la santé
Que reprenne du sens l'action d'aller voterAlors citoyens, RÉVEILLEZ VOUS !!
Y'EN A MARRE qu'on chasse les paysans de leur terre
Pour y semer des graines qui donneront le cancer
Y'EN A MARRE du partage inégal des richesses
Pourquoi certains se gavent pendant que d'autres serrent les fesses
Y'EN A MARRE de cette démocratie falsifiée
Qui te donne juste assez pour que tu puisses la boucler
Y'EN A MARRE de rester chacun dans son coin
A se regarder le nombril tu sais ça ne sert à rienAlors citoyens, RÉVEILLEZ VOUS !! C'est qui les Indignés ? C'est vous c'est nous !!!
Consommer autrement selon les possibilités
De la planète, ses ressources sont limitées
Arrêtons la course aux besoins inutiles
Laissons à nos enfants un peu de chlorophylle
Parce qu'un jour la Terre en aura plein la croûte
Elle ne nous laissera pas le bénéfice du doute
Et quand viendra le moment de payer l'addition
T'auras pas l'air malin avec tous tes millionsAlors citoyens, RÉVEILLEZ VOUS !!
écoutez la chanson sur site source:http://acampadabaiona.com/2011/05/30/le-chant-des-indignes-de-bayonne/
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